« Allons enfants »

Publié le 2 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

À l’heure où vous lirez ces lignes, je ne sais pas trop où en sera la France avec ce fameux CPE, le contrat première embauche. Il est fort probable que la France, comme d’habitude, aura échoué face à la réforme. Je ne sais pas si le CPE est un bon projet, je ne sais pas s’il a été bien « vendu », mais sans faire dans la psychanalyse des nations, je suis assez stupéfait par la double réaction de crispation du pouvoir et des citoyens. Pas de dialogue, s’il vous plaît ! Le navire France coule lentement, et tout le monde à bord hurle pour exprimer son angoisse
Et là, au milieu du chaos, il y a une jeunesse, qui a peur de l’avenir.
« Non à la précarité ! » scandent-ils, comme pour se protéger. Et pourtant tout est précaire. La vie elle-même est précaire, qui peut s’arrêter du jour au lendemain

Peut-être faudrait-il parler autrement à cette France en devenir : lui parler d’ambition et de découverte. Peut-être faudrait-il mettre une part de rêve dans le discours politique.
Évidemment, dans le contexte du moment, ce n’est pas facile. L’État chiraquien est en état de décomposition avancée, miné par le lent naufrage du président et par la guerre de succession qui s’est ouverte. Comment parler de réformes, lorsque le régime est usé jusqu’à la corde ? La gauche post-mitterrandienne donne une image consternante d’elle-même. Tous ces barons (et baronnes) s’activent à qui mieux mieux dans l’indigence des idées. La mondialisation n’existe pas, la Chine n’existe pas, l’Inde n’existe pas, la flexibilité n’existe pas Seules comptent les ambitions présidentielles. Les syndicats, eux, vocifèrent et mobilisent, mettent des centaines de milliers de gens dans la rue, refusent de négocier, mais, sur le fond, ils n’ont rien à proposer, à part financer massivement la stagnation française

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On pourrait aussi parler vrai à ces jeunes Français. Expliquer que la France de Papa, née de mai 1968 et des accords de Grenelle, est morte. Définitivement. Inadaptée et inadaptable à son époque. On pourrait rappeler que depuis la fin du premier mandat Mitterrand, en 1988, la France a été incapable de faire passer la moindre réforme de l’éducation, du marché du travail, de l’État, de la fiscalité, des retraites Depuis près d’une génération, les Français refusent presque tout. Et les pouvoirs, de gauche comme de droite, se sont réfugiés dans la gesticulation immobile.
Et que, donc, depuis près d’une génération :
Le chômage stagne ou augmente année après année, quasi inexorablement. Ce qui accentue d’autant la fameuse précarité que tout le monde cherche à éviter.
La dette publique de l’État a explosé (disons de 30 % à près de 67 % du PIB). En clair, nous mangeons l’assiette de nos enfants et petits-enfants.
La France perd du terrain (et de la richesse). Grosso modo, dans les cinq premières places en termes de revenu par habitant au début des années 1980, les Français ont dégringolé aux alentours de la quinzième place à l’orée des années 2000

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