Le sommet, et après ?

Publié le 2 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Les délégations des 57 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique se réuniront donc les 13 et 14 mars prochain à Dakar. Depuis plus de deux ans, l’événement a été érigé au rang de priorité nationale par le président Abdoulaye Wade. La structure qui gère son organisation, la désormais célèbre Anoci (Agence nationale de l’OCI), cristallise toutes les attentions, bienveillantes ou malveillantes. Louanges et lauriers tressés en boucle d’un côté, procès en amateurisme et accusations de malversations de l’autre : Karim Wade, président de l’Agence et fils du chef de l’État joue gros. Du succès ou de l’échec de ce rendez-vous, dont il ne faut pas attendre grand-chose sur le fond, dépend en partie la suite de sa « carrière » politique.
Les Sénégalais auraient pu faire le choix d’un sommet à peu de frais. Un hôtel et un centre de conférences auraient suffi. Ils ont préféré voir les choses en grand et, surtout, profiter de l’événement pour bâtir, grâce aux partenariats tissés avec nombre de nations du Moyen-Orient, qui n’en finissent plus de mettre la main à la poche, un pays plus moderne. Une nouvelle capitale administrative, des routes pour désengorger Dakar qui étouffe, un aéroport, une zone franche, un port réaménagé, des hôtels aux standards internationaux La majeure partie de ces projets ne sera évidemment pas sortie de terre pour ces assises. Peu importe, disent les Sénégalais, c’est pour le futur. À suivre, donc.
L’après-sommet ? L’horizon qui guide les pas et les comportements de toute la classe politique sénégalaise depuis de longs mois aura disparu le 15 mars. Viendra alors le temps des règlements de comptes, des tractations en coulisses, des alliances éphémères et des grandes manuvres. Objectif : les municipales du 18 mai et, surtout, le fauteuil présidentiel a priori disponible en 2012. Les bannis d’hier (Idrissa Seck, Macky Sall) retrouveront-ils toute leur place auprès de Gorgui (« le vieux », en wolof) ? Karim Wade poursuivra-t-il son ascension et révélera-t-il ses réelles ambitions ? La guerre de succession qui fait rage en coulisses se poursuivra-t-elle au grand jour ? L’opposition, laminée par son échec à la présidentielle de 2007 et privée de tribune officielle par le boycott des législatives, retrouvera-t-elle un nouvel élan ?
Autant d’interrogations qui masquent, hélas, l’essentiel. Personne ne sait où va le Sénégal. Le pays peine à se trouver une ligne directrice claire, sereine, et un projet de société rassembleur. Mais peut-être qu’un jour les partis politiques délaisseront leurs querelles partisanes et leur penchant immodéré pour la conquête du pouvoir pour s’intéresser au sort de leurs compatriotes. Sans arrière-pensées.

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