Ban Ki-moon tient la corde

Publié le 1 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

L’élection du nouveau secrétaire général des Nations unies demeure très indécise. Après trois tours de vote « blanc » au Conseil de sécurité, le candidat sud-coréen, Ban Ki-moon (62 ans), préserve son avance, mais perd un vote « positif » : il est le seul à rassembler plus que les neuf voix (sur quinze) nécessaires pour être élu. Mais une inconnue persiste : le « non » qu’il a systématiquement suscité depuis le 24 juillet provient-il d’un membre permanent du Conseil de sécurité ? Si tel était le cas, ses chances s’en trouveraient amoindries. Prochain vote « blanc », le 2 octobre.
Ministre des Affaires étrangères et du Commerce depuis janvier 2004, Ban Ki-moon fait jusqu’à présent figure de favori. Qualifié de « bon candidat » par George W. Bush, il est le troisième à se porter candidat à la succession du Ghanéen Kofi Annan, qui achèvera son deuxième mandat le 2 janvier prochain. Depuis, quatre nouveaux candidats se sont déclarés, et rien n’interdit à d’autres de le faire, jusqu’à la dernière minute. La présidence japonaise du Conseil de sécurité, du 1er au 31 octobre, a toute chance d’être décisive. Membre non permanent du Conseil, ce pays soutient discrètement la candidature sud-coréenne et pourrait être tenté d’accélérer les choses avant l’arrivée à la présidence du Pérou (1er novembre) et du Qatar (1er décembre).
Même si John Bolton, l’ambassadeur américain à l’ONU, s’est abstenu de soutenir publiquement Ban Ki-moon – gare au « baiser qui tue » ! -, personne ne doute de la volonté des États-Unis de placer à la tête du système onusien un ressortissant d’un pays allié. Échaudés par leurs démêlés avec Annan, mais aussi avec l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, le prédécesseur de celui-ci, ils ne veulent plus d’un Chief Executif Officer capable de décider et d’agir, mais d’un simple gestionnaire dont la mission se limiterait à « dégraisser le mammouth » onusien. Le budget global de l’organisation et de ses agences s’élève en effet à 20 milliards de dollars par an, dont plus de 1 milliard pour le seul secrétariat général (neuf mille salariés) Tant que ce problème ne sera pas réglé, il est vain d’attendre des États-Unis qu’ils résorbent le retard de paiement de leur contribution au budget ordinaire : près de 600 millions de dollars. La dette de la Corée du Sud s’élevait pour sa part à 130 millions au moment de l’annonce de la candidature de Ban Ki-moon.
Celui-ci se décrit lui-même comme un homme « soft », discret et travailleur. Diplômé en relations internationales sur le tard (il avait 26 ans), il décroche, en 1985, un Master en administration publique à la Kennedy School. En 1996, il est vice-ministre des Affaires étrangères de son pays, puis directeur du protocole du président de la République, puis ambassadeur en Autriche et à l’ONU (2001), puis conseiller du président (2003), puis ministre des Affaires étrangères et du Commerce. Son principal titre de gloire est d’avoir contribué activement au dégel du dossier nucléaire nord-coréen.
Le poste qu’il convoite aujourd’hui est non seulement prestigieux, mais financièrement très intéressant. Les émoluments d’un secrétaire général avoisinent en effet 300 000 dollars par an (sans compter les frais de mission). L’opacité de la procédure de désignation est unanimement critiquée. Le Conseil de sécurité choisit dans le plus grand secret un « candidat » (les cinq membres permanents disposant d’un droit de veto). Il recommande ce « candidat unique » à l’Assemblée générale, qui délibère à huis clos et entérine in fine le choix du Conseil. Traditionnellement, le choix se fait au plus tard fin novembre. La passation des pouvoirs a lieu le 2 janvier.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires