Un pied sur le frein, l’autre sur l’accélérateur

Publié le 1 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Avant même son arrivée à Accra, où, du 1er au 3 juillet se tenait la 9e Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, Mouammar Kadhafi a beaucoup fait parler de lui. Et pas seulement parce que les 250 membres de sa délégation avaient réservé la majeure partie des chambres d’hôtel disponibles ! Le « Guide » de la Jamahiriya a en effet gagné la capitale ghanéenne en partie par la route, à travers le Mali, la Guinée, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire. Au terme de ce périple, il est arrivé convaincu du soutien enthousiaste des peuples africains à son projet de gouvernement continental, l’un des principaux points à l’ordre du jour du sommet.
L’idée a été véritablement lancée en 2005. Elle a ensuite été étudiée par différents comités d’abord dirigés par l’Ougandais Yoweri Museveni, puis par le Nigérian Olusegun Obasanjo. Lors du sommet d’Addis-Abeba, en janvier, son examen a été une nouvelle fois reporté. Les leaders africains avaient simplement promis à Kadhafi et à tous les défenseurs d’une intégration à marche forcée (comme le Sénégalais Abdoulaye Wade) d’en débattre sérieusement lors du sommet d’Accra. La patrie de Kwame Nkrumah – qui, le premier, en rêva – n’était-elle pas le lieu idéal pour risquer un premier pas en direction des États-Unis d’Afrique ?
On en est loin, puisque le projet de gouvernement d’union (renforcement de la Commission, attribution des ministères de souveraineté comme la Défense ou les Affaires étrangères) suscite déjà de sérieuses divergences quant au rythme de sa mise en place. Celles-ci étaient nettement apparues lors de la session de réflexion des ministres des Affaires étrangères, à Zimbali (Afrique du Sud), au mois de mai. Elles se sont aggravées à Accra.
Deux tendances se dégagent. L’une, qu’on a longtemps cru majoritaire parce que défendue par la puissante Afrique du Sud, est favorable à une union d’États souverains, qui passe, dans un premier temps, par le renforcement des communautés sous-régionales existantes. L’autre, qui regroupe la majorité des membres de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad), soutient que l’échec relatif de ces dernières doit inciter à brûler les étapes et à foncer droit sur l’intégration continentale.
Lors de la réunion des ministres qui se tient traditionnellement juste avant l’arrivée des chefs d’État, le sujet a soigneusement été évité, comme pour laisser aux « grands » le loisir de s’entredéchirer. Une seule proposition a fait l’unanimité des diplomates : l’élection des nouveaux membres de la Commission (dont le mandat s’achève en septembre) attendra qu’un audit des institutions de l’UA soit réalisé – d’ici à janvier 2008. Un report qui souligne, s’il en était besoin, les divisions des leaders africains, incapables de s’entendre sur le nom du successeur d’Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires