Si l’homme disparaissait de la Terre

Publié le 1 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Imaginons que du jour au lendemain l’homme disparaisse de la Terre. Victime d’une épidémie foudroyante, enlevé par des extraterrestres, ou pour toute autre raison : l’important est que la nature soit d’un seul coup débarrassée de sa présence. Que se passerait-il ?
Au bout de deux jours, le métro de New York, privé, faute d’électricité, de son système de pompage, serait inondé. Il ne faudrait qu’une semaine pour que les génératrices qui acheminent le liquide de refroidissement dans le cur des réacteurs des centrales nucléaires s’arrêtent. Ceux-ci ne tarderaient pas à exploser. Les autres constructions tiendraient plus longtemps, mais subiraient peu à peu les graves ravages du temps. Les cycles gel et dégel, la rouille, la moisissure, les racines des arbres qui soulèvent les murs, les sous-sols inondés, la végétation qui s’insinue dans les interstices les immeubles s’écrouleraient les uns après les autres en moins de cinq cents ans. Quant aux ponts métalliques, boulons et rivets détruits, ils s’effondreraient au bout de trois siècles maximum.
Un tel scénario n’est pas sorti d’un roman de science-fiction. Mais d’un ouvrage qui, s’il se lit comme un roman, n’a rien de fantaisiste. Alan Weisman, l’auteur, a rencontré des dizaines d’experts. Il a aussi visité des lieux abandonnés par l’homme – comme la bande large de quelques kilomètres séparant les deux Corées – dont l’évolution permet des extrapolations plausibles.
Quel serait le sort des différentes espèces animales sans l’homme ? Les premières à s’éteindre seraient les plus dépendantes de lui. À commencer par les puces et les poux Les rats auraient aussi du souci à se faire. Le chat, en revanche, n’aurait aucun mal à s’adapter à la nouvelle donne : redevenu sauvage, il donnerait toute la mesure de ses talents de prédateur. L’adorable minet qui ronronne à vos pieds est aussi l’un des seuls animaux (avec l’homme) à tuer pour le plaisir. Des milliards d’oiseaux paient chaque année de leur vie cette frénésie sanguinaire.
De façon générale, les plantes, les cultures, les animaux que l’homme a façonnés pour ses besoins périraient en un siècle ou deux. Prenons le cas des chevaux. Quand bien même ils survivraient, ils retourneraient à l’état du cheval de Przewalski qui galope dans les steppes mongoles, le seul survivant équin de la Préhistoire.
Si les immeubles de Paris, de Casablanca ou de Tokyo sont appelés à finir assez vite en gravats, rongés par l’eau et submergés par la végétation, il est des traces de l’homme qui, hélas, ne sont pas près de s’effacer. C’est le cas des plastiques : il faudra des centaines de milliers d’années pour que se développent les bactéries capables de les digérer. Quant aux déchets de l’industrie nucléaire, ils n’auront rien perdu de leur nocivité dans plusieurs milliers de millions d’années. Peu importe au demeurant, puisque dans quelque 5 milliards d’années, le Soleil se dilatant et consumant la Terre, toute vie aura cessé sur cette dernière.
On le voit, le bilan du passage de l’homme sur cette malheureuse Terre ne serait pas des plus brillants. Seule consolation, nous dit l’auteur de ce livre époustouflant, nos émissions de radio et de télévision, certes fragmentées, continueront à voyager indéfiniment dans l’univers sur les ondes hertziennes. On se souvient du proverbe latin verba volant, scripta manent (« les paroles s’envolent, les écrits restent »). Il faudra penser à le réviser

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