Pour en finir avec le paludisme

Publié le 1 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Tous les jours, le paludisme tue 7 000 enfants. Pour 3 dollars par personne, nous pourrions mettre fin à ces morts inutiles. Le paludisme est un tueur en série. Cette année, entre 1 et 3 millions d’enfants, soit environ 7 000 par jour, seront emportés par cette maladie causée par un moustique. Environ 90 % des cas se situeront en Afrique. On n’a pas d’excuse si l’on ne fait rien, car il est largement possible de prévenir le paludisme et tout à fait possible de guérir les paludéens. Outre le nombre énorme de victimes, la maladie fait baisser la productivité, chuter la fréquentation scolaire et freiner la croissance économique. Le paludisme est une des causes majeures du ralentissement de la transition démographique et du passage à des indices de fécondité plus faibles. Il bloque ainsi l’un des moyens d’échapper à la pauvreté.

Ce n’est pas comme si nous ne savions pas comment résoudre ce problème. Quelques technologies simples permettraient de maîtriser le paludisme en Afrique vers 2010. En associant la prévention (avec des moustiquaires imprégnées d’insecticides) à ces médicaments très efficaces que sont les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), il est possible de réduire considérablement la transmission et de sauver des vies. Ces mesures de base, complétées par la vaporisation d’insecticides bien choisis à l’intérieur des maisons et la formation de personnel de santé au niveau local pour la détection de la maladie et un traitement rapide pourraient changer du tout au tout les perspectives sanitaires et économiques de l’Afrique. Le fardeau de la morbidité et de la mortalité du paludisme pourrait être réduit de 90 % ou même davantage dans les régions où l’on mettrait en uvre une prévention systématique, un diagnostic et un traitement appropriés. Avec l’aide du gouvernement américain, les hospitalisations dans l’île de Pemba, au nord de Zanzibar, ont été réduites de plus de 90 % par l’application de ces méthodes. À Pemba, le paludisme ne tue pratiquement plus.

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Cela étant, qui doit payer quoi ? Mes collègues et moi-même, nous estimons que le coût total d’une victoire sur le paludisme en Afrique serait de l’ordre de 3 milliards de dollars par an jusqu’en 2015. C’est trop pour la pauvre Afrique, mais c’est de la roupie de sansonnet pour les pays riches. Il y a plus d’un milliard d’habitants dans les pays à hauts revenus, le coût est donc de moins de 3 dollars par personne. Autrement dit, le coût total par an représente le huitième des primes de Noël de Wall Street. Une prise de contrôle générale du paludisme en Afrique est une possibilité unique pour les pays développés de promouvoir la sécurité à long terme dans le monde, de sauver des millions de vies et d’améliorer fortement les perspectives économiques des plus pauvres de la planète.

* Jeffrey Sachs est directeur de l’Institut de la terre à l’université Columbia.

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