Laissez-moi rire, Messieurs les Anglais !
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Unison, le syndicat qui représente 1,3 million de travailleurs au Royaume-Uni, a décidé, fin juin, d’imposer un boycottage économique et culturel à Israël. Le syndicat national des journalistes de Grande-Bretagne a pris une décision similaire en avril, et le syndicat des collèges et des universités a recommandé à ses 120 000 membres de boycotter les établissements d’enseignement supérieur israéliens.
On peut comprendre les boycotteurs : en quarante ans d’occupation des Territoires palestiniens, Israël a inspiré de la haine non seulement à ses détracteurs, mais aussi à ses soutiens. Il a écuré non seulement ses amis à l’étranger mais aussi nombre de ses citoyens.
Les universitaires britanniques ont oublié deux autres pays qui, ces quatre dernières années, ont violé les droits de l’homme et ont été impliqués, plus que n’importe quels autres pays, dans des crimes de guerre. J’ai nommé, Mesdames et Messieurs, les États-Unis et le Royaume-Uni, que vous avez complètement oubliés !
Ces deux pays modèles ont fait des centaines de milliers de victimes en Irak et en Afghanistan. Ils sont à l’origine des 4 millions de réfugiés qui frappent maintenant en vain à leurs portes. Ils ont fait disparaître des suspects, dont certains ont été expédiés dans d’obscurs pays pour être interrogés et torturés pendant que d’autres étaient envoyés à Guantánamo. La semaine dernière, les juges américains – même les juges militaires – ont déclaré qu’il s’agissait là d’atteintes au bon droit que la Constitution américaine ne pouvait tolérer.
Certes, c’est l’administration Bush-Cheney qui dirige la brigade au pavillon noir, mais les caniches suivent les bulldogs. Et jusqu’à maintenant, aucune initiative n’a été prise pour boycotter les produits américains ou les universités américaines. Les distingués professeurs britanniques auraient mieux fait de désavouer, d’abord, tout contact avec leurs collègues d’outre-Atlantique. Après tout, c’est l’Amérique, et non Israël, qui est le leader du monde libre. Les États-Unis donnent l’exemple. Les autres les observent et les imitent.
Mais pourquoi traverser l’océan quand les universitaires instruits vivent et travaillent déjà dans un pays qui est associé au crime commis par son principal allié ? Ceux qui s’occupent de boycottage et d’ostracisme auraient agi plus rationnellement et avec plus d’impartialité s’ils avaient, en premier lieu, boycotté les produits de leur propre pays. S’ils avaient boycotté les établissements d’enseignement supérieur qui les emploient. S’ils s’étaient boycottés eux-mêmes.
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