Nouveaux espoirs

Publié le 1 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

Dans un entretien à J.A.I. (n° 2302), le professeur Awa Marie Coll Seck, secrétaire exécutif du Partenariat mondial « Faire reculer le paludisme », déclarait : « 2005 sera une année charnière ». Au lendemain de la Journée africaine du paludisme du 25 avril, date anniversaire du Sommet d’Abuja de 2000, on note des signes encourageants, aussi bien dans le domaine de la prévention que dans la recherche sur les antipaludiques.

En Afrique, le continent où la maladie fait le plus de victimes, en particulier chez les enfants de moins de 5 ans, plusieurs pays ont enfin organisé la distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticides qui sont l’une des meilleures protections contre l’anophèle porteur du redoutable Plasmodium falciparum. Le meilleur exemple (sur ce point) est le Togo, où la campagne menée en décembre 2004, avec l’appui de la Fédération Croix-Rouge et Croissant-Rouge, a permis de faire passer de 6 % à 62 % le pourcentage des ménages possédant au moins une moustiquaire imprégnée. Selon le Partenariat, 98 % des enfants togolais de moins de 5 ans dorment désormais sous une telle moustiquaire. Le Malawi, le Mali et le Sénégal ont également mis en route des programmes de prévention. La Tanzanie a commencé, fin 2004, la production de nouvelles moustiquaires insecticides durables. Elle prévoit d’en fabriquer 7 millions d’ici à fin 2005.
En décembre 2004, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vingt pays avaient pris la décision d’exonérer ou de réduire les frais de taxes et de douane sur les moustiquaires et les insecticides. Le nombre total des moustiquaires en Afrique est actuellement estimé à quelque 20 millions.

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Des progrès ont également été réalisés sur le front des antipaludiques. La capacité du Plasmodium à développer une résistance face aux médicaments classiques à base de chloroquine, de sulfadoxine-pyriméthamine et d’amodiaquine, a rendu la lutte très difficile. Mais on a mis au point de nouveaux médicaments, les Artemisin-based Combination Therapies (ACT), qui surmontent cette résistance. Le Coartem de la compagnie suisse Novartis a ainsi fait la preuve de son efficacité et a été adopté dans une quarantaine de pays. Mais il est fabriqué à partir d’une plante, l’Artemisia annua, qui ne poussait jusqu’ici qu’en Chine du Sud… et très lentement. Novartis vendait son Coartem à prix coûtant, mais avait besoin de lourds investissements à la fois pour mettre l’Artemisia annua en culture dans d’autres pays et installer de nouveaux laboratoires. Sinon, il ne pourrait faire face à la demande. Une polémique a éclaté à ce sujet en février. La bonne nouvelle en cette fin avril est que le PDG de Novartis, Daniel Vasella, a signé avec Richard Feachem, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, un accord aux termes duquel le Fonds avance 170 millions de dollars (130 millions d’euros) à sept pays pour l’achat de Coartem. Ce prêt devrait permettre de traiter 100 millions de cas de paludisme au Nigeria, en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie, en Zambie, au Sénégal et en Angola. Et à Novartis de lancer, à partir de 2006, une production autorisant le traitement de 120 millions de cas par an.
D’autres nouvelles montrent qu’il y a désormais une forte mobilisation de l’opinion mondiale en faveur de la lutte contre le paludisme. Ainsi l’annonce de l’arrivée prochaine sur le marché d’un nouveau médicament ACT mis au point par le laboratoire français Aventis-Sanofi, en alliance avec la Fondation DNDI, créée avec le soutien de Médecins sans frontières (MSF). Il serait aussi efficace et deux fois moins cher que le Coartem.

Une autre initiative encore mérite d’être signalée, même si elle suscite des réserves de MSF et de Richard Feachem. C’est la mise à l’essai sur le terrain, au Mozambique et en Tanzanie, d’un vaccin préventif baptisé « Mosquirix », de mosquitoes (« moustiques ») et de Rixensart, ville de Belgique où les recherches ont été menées par GSK Biologicals, filiale du groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline, avec l’aide de la Fondation Bill et Melinda Gates. Selon une étude de l’hebdomadaire britannique The Lancet d’octobre dernier, de premiers essais réalisés au Mozambique avaient donné de sérieux espoirs. Cette fois, le Mosquirix sera administré à des bébés de deux mois et demi dans le cadre d’une plurivaccination diphtérie-tétanos-coqueluche.

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