Débat autour de l’accord d’association

Le démantèlement des tarifs douaniers suscite des craintes aussi bien du côté du patronat que dans la classe politique.

Publié le 1 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

L es parlementaires néerlandais étaient les plus réticents à ratifier l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE). Ils ont fini par le faire à la mi-avril. C’est donc avec fierté qu’Abdelaziz Belkhadem, ministre algérien des Affaires étrangères, a annoncé, le 25 avril, la fin d’un processus entamé en 1997. Après dix-huit rounds de négociations, une signature à Valence, le 22 avril 2002, et un long processus de ratification par les quinze Parlements européens – les dix nouveaux membres de l’UE n’étant pas concernés par cette procédure -, l’accord d’association devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2005. Il prévoit un démantèlement progressif des tarifs douaniers dès juillet 2007 pour les matières premières. Pour toutes les autres marchandises, l’échéance devrait tomber en juillet 2012. Quant à la zone de libre-échange, son entrée en vigueur est prévue cinq années plus tard, en juillet 2017.
Comme on s’en doute, l’événement ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. Si les partis membres de l’Alliance présidentielle se félicitent de cette « avancée pour l’économie algérienne », l’opposition a voté contre la ratification du document. Les trotskistes du Parti des travailleurs (PT, une vingtaine de députés) se sont drapés d’habits souverainistes pour dénoncer la voie ouverte à toutes les ingérences dans les affaires intérieures. Leur leader, Louisa Hanoune, a été jusqu’à prédire un manque à gagner annuel de 54 milliards de dinars (55 millions d’euros) pour l’économie nationale et de sérieuses menaces sur l’emploi. Elle a même annoncé la suppression de 50 000 postes.
Les islamistes du Mouvement de la réforme nationale (MRN-Islah, d’Abdallah Djaballah), eux, redoutent surtout une occidentalisation de la société algérienne à travers l’ouverture aux produits culturels européens. Quant au patronat, il craint que la fin des mesures protectionnistes ne soit fatale à la production algérienne qu’il promeut à travers son slogan « Made in bladi » (« fabriqué dans mon bled »).
L’hostilité à l’accord d’association avec l’UE a été exacerbée par une intervention du représentant de Bruxelles à Alger, l’Italien Lucio Guerrato qui a tenu, lors d’une conférence de presse, le 25 avril, des propos jugés sévères à l’endroit du Plan de soutien à la croissance économique (PSCE, programme d’investissements publics quinquennal évalué à 55 milliards de dollars). À ses yeux, une injection de liquidités dans une économie, aussi massive soit-elle, a peu d’impact faute de mécanismes d’absorption, d’une législation appropriée et d’entreprises mises à niveau.
Au-delà de ce débat, l’accord d’association enthousiasme la société civile pour des raisons plus politiques qu’économiques. Son entrée en vigueur promet une plus grande liberté de circulation des personnes, une plus grande vigilance en matière de respect des droits de l’homme en Algérie ainsi qu’une lutte contre le blanchiment d’argent et contre la corruption plus efficace.

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