Cassam Uteem sur tous les fronts

Publié le 1 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

Archipel des Chagos, droits de l’homme, unité des Mauriciens, lutte contre la pauvreté, médiation politique… Cassam Uteem ne s’ennuie pas depuis son retrait de la vie politique mauricienne le 14 février 2002. Une date qui reste gravée dans la mémoire des habitants de l’île. Alors président de la République, Cassam Uteem avait démissionné, refusant de promulguer une loi antiterroriste (Prevention of Terrorism Bill) adoptée par le Parlement et qui donnait, selon lui, des pouvoirs excessifs à la police et au gouvernement. « J’ai fait ce que j’avais à faire. Je ne me laisserai jamais influencer par des pressions », résumait-il à l’époque, stoïque.
L’ancien député du Mouvement militant mauricien (MMM, parti du vice-Premier ministre Paul Bérenger), musulman de confession – ce qui a fait grincer des dents lors de son élection en 1992 -, n’a rien perdu de sa liberté de ton et ne manque pas une occasion de s’engager pour des causes qu’il croit justes. Il s’est rendu en mars dernier à Madrid pour participer au Sommet international sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité. Une occasion de témoigner sa solidarité envers les victimes des attentats de Madrid. Il a enchaîné avec un voyage à Londres pour plaider la cause des Chagossiens auprès des députés travaillistes et du secrétariat général du Commonwealth. « Une lutte de longue haleine et un combat de David contre Goliath puisque ni les États-Unis ni la Grande-Bretagne ne semblent prêts à leur rendre leur île », indique-t-il.

Membre du comité de direction de l’Institut international pour la promotion de la démocratie et d’aide électorale (Idea international, une ONG suédoise), Cassam Uteem participe activement à la mise en place d’institutions démocratiques dans le monde. Également membre du Haut Conseil de la Francophonie, il est souvent sollicité par son ami Abdou Diouf pour assurer la promotion du français et des langues africaines.
De manière beaucoup plus discrète, l’ancien président mauricien se voit confier des tâches de médiation dans les crises internationales par le Global Leadership Foundation, une organisation rassemblant d’anciens chefs d’État et de gouvernement. « Nous prodiguons des conseils et assurons des conciliations auprès des États qui rencontrent des difficultés économiques et politiques », avoue-t-il sans plus de précisions sur ces dernières missions.
Sur le plan national, Cassam Uteem n’intervient plus depuis longtemps dans les querelles partisanes. Ce qui ne l’empêche pas de suivre le débat politique et l’évolution économique de son île. La campagne électorale pour les élections générales – qui doivent se dérouler avant octobre 2005 – l’inquiète particulièrement. « L’affrontement sera très vif et ravivera les sentiments de division. C’est très dangereux. On pourrait revivre les bagarres « communalistes » (relatives au découpage politique par ethnies) de 1968 ou les émeutes de l’année 1999, à la suite du décès (assassinat ?) du chanteur de seggae Kaya », craint-il, en se tenant prêt à redescendre dans la rue, comme en 1999, pour calmer ses concitoyens.

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En toute simplicité, il n’hésite pas, non plus, à battre le pavé pour soutenir le combat des femmes pour une meilleure intégration dans la société. « Nous devons accroître la représentation féminine au Parlement pour atteindre 30 %. Leur présence témoigne d’un approfondissement de la démocratie », souligne-t-il. Uteem est également présent aux côtés de l’association ATD Quart Monde fondée par le père Joseph Wresinski dans ses actions de lutte contre la pauvreté sur le sol mauricien.
Après une longue période de froid avec ses amis politiques – à la suite de sa démission -, il se rappelle de temps en temps à leur bon souvenir. Le gouvernement se tourne parfois vers cet émissaire discret pour un certain nombre de missions délicates. Ainsi, il assure la promotion auprès des États arabes de la candidature de son ami Jaya Krishna Cuttaree, le ministre mauricien du Commerce international et des Affaires internationales, au poste de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce musulman de confession a récemment rencontré le président égyptien Hosni Moubarak et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.
À 64 ans, Cassam Uteem passe le reste de son temps à lire, à écrire des articles pour les journaux mauriciens… Sans oublier de s’occuper de ses trois petits-enfants et de prendre soin de sa santé. Il souffre de problèmes cardio-vasculaires, mais dispose d’un bon médecin traitant : son propre fils, brillant cardiologue.

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