Un bilan peu reluisant

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Olusegun Obasanjo est l’ami de l’Amérique. Son engagement en faveur de la résolution des conflits, du maintien de la paix et de la démocratie suscite l’admiration de l’administration Bush. Mais dans son propre pays, le président du Nigeria est nettement moins vertueux. Ses politiques énergétiques sont loin d’avoir eu raison de l’extrême pauvreté. Plus grave encore : dans les derniers mois de son second mandat, Obasanjo a tenté de dévoyer la fragile démocratie nigériane pour rester aux commandes du pays.
Dès son arrivée à Aso Rock, en 1999, Obasanjo monopolise le pouvoir. Il prend le contrôle du portefeuille pétrolier pour l’utiliser à des fins politiques. Il institue une commission de lutte contre la corruption dont le bilan montre au final qu’elle a épargné les amis du président et harcelé ses ennemis, corrompus ou non. Il manipule également l’attribution des contrats et des concessions minières pour intimider ses éventuels rivaux.
Fin 2005, Obasanjo commence à répandre l’idée selon laquelle il est le seul à pouvoir achever les réformes qu’il a entamées en tant que président. Bonne raison d’amender la Constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat. Mais les pressions sur les gouverneurs et les pots-de-vin proposés aux parlementaires n’ont pas raison de l’obstruction du Sénat. Au lieu d’accepter le verdict, Obasanjo décide de se choisir un successeur qui lui permettrait de tirer les ficelles du pouvoir même après son départ d’Aso Rock. Aussi se sert-il tout d’abord de la brigade anticorruption pour intimider les prétendants à la magistrature suprême, notamment le vice-président Atiku Abubakar et l’ancien chef de l’État, Ibrahim Babangida. Ensuite, il court-circuite les élections primaires au sein du People’s Democratic Party (PDP) pour imposer son candidat, le gouverneur de l’État de Katsina, Umaru Yar’Adua. Si ce dernier remporte l’élection, il sera à la botte d’Obasanjo. Le reste du bilan présidentiel est tout aussi peu reluisant. En dépit de la croissance des revenus pétroliers – le pays produit 2,5 millions de barils par jour -, il n’y a pas eu de réduction notable de la pauvreté. Les raffineries étatiques sont moins productives aujourd’hui qu’il y a huit ans. Les autres industries sont moribondes. Obasanjo n’a rien fait pour remédier aux carences électriques, un problème qui a conduit à la fermeture de nombreuses usines. Les fonctionnaires à la retraite et les fournisseurs ne sont pas payés. Et la violence dans la région pétrolière du Delta s’est accrue.
Au final, Obasanjo n’a que très partiellement résolu l’immense problème de la corruption. Près de 600 milliards de dollars mal acquis dorment sur des comptes à l’étranger quand les paysans vivent avec moins de 1 dollar par jour. Les électeurs ne sont pas prêts à être dupés. Mais un truquage des urnes par le président en exercice n’aura rien de nouveau au Nigeria. Si, toutefois, l’élection a lieu.

* Ancien sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines.

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