Le testament de Khalilzad

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

« Le taliban » : ainsi désigne-t-on, parmi les dirigeants chiites, Zalmay Khalilzad, l’ambassadeur des États-Unis en Irak. Pour rappeler ses origines afghanes, mais également sa rudesse peu diplomatique. Alors qu’il s’apprête à gagner New York, où il représentera son pays auprès de l’ONU, il n’a pas manqué de bousculer encore l’establishment chiite. Il s’est adressé aux « hommes politiques », mais chacun a compris que c’est le Premier ministre Nouri al-Maliki qui était visé. Dans ce qui sera sa dernière conférence de presse à Bagdad, il a insisté, le 26 mars, sur les exigences de la réconciliation entre les communautés, et singulièrement entre chiites et sunnites : « Il faut agir vite. » Faisant sans doute allusion à la campagne qui se développe aux États-Unis en faveur du retrait des troupes, il a déclaré que la « détermination des Américains à rester en Irak est en train de s’affaiblir ».
Comme pour inciter les chiites à la réconciliation et leur dire qu’ils ne seront pas toujours les partenaires privilégiés de Washington, Khalilzad a évoqué le dialogue avec des responsables de l’insurrection sunnite. À vrai dire, on savait que de tels contacts avaient été noués dès 2004, mais c’est la première fois que les Américains les confirment publiquement. « Des pourparlers ont eu lieu et ils se poursuivent. » Leur objectif est d’éloigner l’insurrection sunnite d’al-Qaïda et de l’intégrer dans le « processus politique ». La communauté sunnite, plaide encore l’ambassadeur, n’est pas homogène, « on assiste à de véritables affrontements en son sein ». En revanche, le gouvernement et l’insurrection ont des buts communs : la lutte contre al-Qaïda.
À en croire le New York Times, Khalilzad a lui-même participé aux entretiens secrets qui se sont déroulés en Jordanie. Du côté de l’insurrection, les pourparlers concernent en particulier deux groupes : l’Armée islamique en Irak et les Brigades de la Révolution de 1920. Ils rassemblent essentiellement des officiers de l’armée dissoute au lendemain de l’invasion en 2003 et des responsables du régime au temps de Saddam Hussein. Les objectifs de ces « nationalistes arabes », hostiles à l’occupation et à l’hégémonie chiite, n’ont rien à voir avec le djihad planétaire que prêchent Oussama Ben Laden et Ayman al-Zawahiri. C’était le cas hier, n’en déplaise à Bush, et c’est le cas aujourd’hui, comme l’attestent leurs affrontements violents en marge de leur combat commun contre les troupes de la coalition.
Que proposent les Américains à l’insurrection ? Qu’elle ait sa place dans les instances du pouvoir en échange de l’arrêt des hostilités. Khalilzad précise encore qu’elle pourrait participer à la reconstruction de l’armée.
Ces perspectives ne sont pas pour plaire aux chiites et singulièrement au Premier ministre Maliki. Ils sont hostiles à toute entente avec les sunnites : ils les accusent de préparer un coup d’État pour restaurer le régime baasiste qui leur rappelle des mauvais souvenirs. Mais l’ambassadeur n’en démord pas. « Notre patience a des limites et il convient de faire sans tarder des progrès en matière de réconciliation si l’on veut garder le soutien des États-Unis. » À bon entendeur, salut.

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