Les temps changent

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Jadis, les pouvoirs militaires ne remettaient jamais les clés de la présidence mauritanienne aux civils, comme ce devrait être la norme. Jadis, les promesses se perdaient le plus souvent dans les sables. Jadis, une élection présidentielle se jouait dans le bureau du chef de l’État – et un seul tour suffisait. Le sachant, les Mauritaniens ne se bousculaient pas dans les isoloirs, suivaient à peine les – maigres – débats et n’attendaient rien de leurs dirigeants, quels qu’ils soient, sauf qu’ils les laissent courber l’échine et assurer leur survie quotidienne. En attendant des jours meilleurs.
Le scrutin présidentiel des 11 et 25 mars marque assurément un tournant. Parce que les militaires ont respecté leur engagement de mener une transition en douceur et de remettre le pouvoir aux civils à l’issue d’élections libres et transparentes. Mais aussi parce qu’on a assisté à un véritable débat national, ouvert et respectueux, de part et d’autre. Même si certains ont pu regretter le faible niveau de ce débat, jugé trop généraliste et sans aspérité. Trop soucieux de ne froisser personne, les participants ont parfois donné l’impression d’avoir pour seul programme la recherche du consensus et la pêche aux électeurs, grands ou petits. Mais pouvait-on demander davantage à une classe politique à qui, depuis l’indépendance, on n’a jamais laissé d’autre choix que de se positionner par rapport au chef ? Enfin, il convient de saluer le comportement responsable d’Ahmed Ould Daddah, qui a très honnêtement reconnu sa défaite et félicité son vainqueur. Une pratique pas si courante en Afrique.
La course à la présidence a certes connu ses moments de doute, parfois de tension. Au lendemain du « putsch de velours » du 3 août 2005, les attentes étaient telles que la crainte d’une nouvelle déception a parfois fait tourner les têtes. Rumeurs, soupçons et scénarios catastrophes ont, jusqu’au bout, jalonné cette campagne présidentielle sans précédent. Délicat apprentissage de la démocratie, peur du vide ou crainte d’un retour en arrière Après tant de coups de bâtons, les caresses suscitent parfois la méfiance.
Bien sûr, l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, un « homme de rassemblement » comme il se définit lui-même, n’est que le début d’une nouvelle aventure pour la Mauritanie. Et la suite ne s’annonce pas des plus simples, tant les chantiers économiques et sociaux sont vastes et les écueils nombreux. Mais elle constitue un signal fort à l’adresse du continent. Décidément, les temps changent

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