Fracture communautaire

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Dans l’opinion publique irakienne, la partition est déjà une réalité. Quatre ans après l’invasion américaine, les trois communautés – les chiites (60 % de la population), les sunnites (15 % à 20 %) et les Kurdes (15 % à 20 %) ont une interprétation totalement différente de ce qui s’est passé et en tirent pour l’avenir des leçons radicalement opposées.
C’est ce qui ressort du sondage réalisé en Irak du 25 février au 5 mars pour USA Today, ABC News, la BBC et la télévision allemande ARD : 2 212 Irakiens ont été interrogés au porte à porte dans 458 communautés des 18 provinces du pays. On trouvera ci-dessous les principaux résultats publiés par le quotidien américain USA Today.
Ils sont 31 % d’Irakiens en général à approuver l’action du Premier ministre Nouri al-Maliki. Ce n’est pas beaucoup : c’est à peu près la cote du président George W. Bush aujourd’hui, fait remarquer USA Today. Mais selon les communautés, on s’aperçoit que 67 % des chiites et 60 % des Kurdes sont contents de Maliki, mais seulement 3 % des sunnites. L’explication est évidente : Maliki est chiite, et le président irakien, Jalal Talabani, même s’il a perdu le pouvoir, est kurde. En revanche, les sunnites, dominateurs sous Saddam Hussein, sont aujourd’hui écartés du pouvoir.
Le même contraste apparaît dans la réaction des communautés à l’exécution de Saddam : 2 % seulement des sunnites jugent qu’elle a été faite de manière convenable, mais 82 % des chiites n’ont pas été choqués par le mépris avec lequel a été traité leur bourreau.
Cette opposition entre les communautés (42 % des Irakiens parlent de guerre civile) pose un problème de fond sur l’avenir du pays : 97 % des sunnites souhaitent un État unifié, avec pour capitale Bagdad, comme au temps où ils étaient les maîtres, mais les chiites ne rejettent pas l’idée d’une fédération. Pour l’instant, les États-Unis écartent l’éventualité d’une division du pays.
L’attente d’une démocratie n’est pas très forte : seuls 43 % de la population pensent que ce serait le meilleur système politique, mais 34 % encore souhaiteraient un homme fort, dont 58 % de sunnites. Si 75 % des Kurdes sont favorables à la présence des forces de la coalition, c’est qu’elles protègent la relative autonomie dont ils disposent.
Un autre volet du sondage fait apparaître une nette dégradation des conditions de vie par rapport à une enquête de novembre 2005. Et la peur qui règne, en particulier à Bagdad.

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