Forcing électoral

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Marc Ravalomanana ne perd pas de temps pour encaisser les dividendes de sa victoire au premier tour de la présidentielle, le 3 décembre 2006. Dès le 4 avril, les électeurs sont invités à répondre, par voie référendaire, à la question suivante : « Acceptez-vous le projet de révision de la Constitution pour le développement rapide et durable, par région, et pour améliorer le niveau de vie des Malgaches ? » L’opération a été organisée au pas de charge. Et la formulation de la question risque bien de transformer le scrutin en plébiscite. C’est en tout cas ce que dénoncent l’opposition et une partie de la société civile.
L’Observatoire de la vie publique, une ONG, estime pour sa part que « cette nouvelle mouture de la Loi fondamentale laisse apparaître un glissement des pouvoirs au profit de l’exécutif, avec une prééminence du chef de l’État au détriment des pouvoirs législatif et judiciaire ». En apparence, les attributions du président de la République n’ont pas été modifiées. Dans la pratique, il en va tout autrement. L’article 61 de l’actuelle Constitution stipule par exemple que « le gouvernement dispose de l’administration et des forces armées ». Ce n’est plus le cas dans la version amendée. Le président de la République restant chef des armées, cela signifie que la défense fera à l’avenir partie de ses domaines réservés.
Autres modifications notables : la disparition administrative des provinces autonomes, remplacées par les régions, et la promotion de l’anglais au rang de troisième officielle du pays, au côté du malgache et du français. Cette dernière mesure est « largement dictée par la géographie », a expliqué le Premier ministre, Charles Rabemananjara. Il est vrai que Madagascar se trouve dans une zone linguistique majoritairement anglophone et qu’elle est membre d’organisations régionales où l’anglais est la langue de travail. Par ailleurs, afin de combattre l’absentéisme parlementaire, les députés auront une obligation d’assiduité. En cas d’absence injustifiée, leur indemnité leur sera tout bonnement supprimée.
Enfin, l’Observatoire de la vie publique s’inquiète de la « suppression du mot laïc » dans le projet d’amendement. Ce qui, selon lui, « augmente les risques de dérives institutionnelles ». L’ONG redoute notamment un éventuel renforcement du caractère religieux de l’État et une interférence des Églises dans la vie publique. Il est vrai que Ravalomanana n’a « jamais caché son penchant pour une nation bâtie sur des préceptes chrétiens, allant même jusqu’à faire l’éloge de la théocratie ». D’ailleurs, pour la première fois depuis l’indépendance, les électeurs ne seront pas convoqués un dimanche, mais un mercredi. Pour éviter aux bons chrétiens d’être distraits de leurs obligations religieuses par leur devoir civique. Le jour du Seigneur, c’est sacré !

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