De l’homme au cosmos

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

De Pierre Moussa, inspecteur des finances et ancien président du groupe Paribas, on s’attendrait à voir publier un essai sur le système bancaire ou les relations économiques internationales, du type de ceux qu’il a signés depuis une cinquantaine d’années. Or voilà qu’au soir de sa vie – il est né en 1922 – lui est venu le désir de situer sa place dans la grande aventure du monde vivant. D’où ce petit livre de quelque 200 pages, qui ?se lit d’une traite et prouve qu’on peut rendre passionnants les sujets les plus complexes.
Pierre Moussa commence par remonter le cours du temps, de l’homme d’aujourd’hui vers celui qui vivait il y a plus de 2,5 millions d’années, puis vers l’apparition de la vie et la formation de l’univers. À la fin du livre, il prend ses distances avec la science pour évoquer des phénomènes que nient la plupart des savants tels que la voyance, la télépathie ou les prémonitions, avant de s’interroger sur Dieu et l’Au-Delà.
Dans l’extrait qui suit, il évoque deux événements qui, au début du néolithique (il y a une dizaine de milliers d’années), ont profondément affecté les relations entre l’homme et la femme : l’invention de la guerre et de la paternité.

Elle et lui

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Dans les temps paléolithiques (jusqu’à l’invention de l’agriculture et de l’élevage), le genre humain était si peu nombreux, les groupes humains étaient si dispersés et tellement nomades, que ni la cueillette ni la chasse ne leur donnaient beaucoup d’occasions de se heurter les uns aux autres ; la violence existait, mais elle opposait surtout les hommes à d’autres espèces animales. La guerre n’est vraiment apparue que par suite de l’expansion démographique, qui a accru les chances de heurts entre groupes humains, et par suite du développement de l’agriculture, de l’élevage, de la sédentarité et du stockage des richesses, qui ont éveillé la convoitise des nomades ; la domestication du cheval et l’invention de l’armement métallique ont poussé dans le même sens. Ainsi a commencé la série des dix mille guerres qui ont illustré et ravagé les dix mille dernières années de l’histoire humaine.
L’homme étant, physiquement et psychologiquement, mieux fait que la femme pour la guerre, il n’est pas étonnant que le sexe masculin ait dominé durant ces dix millénaires.
Il y a aussi une autre raison à cela : l’invention de la paternité. Tant que les femmes faisaient l’amour avec une variété d’individus de sexe masculin appartenant à leur clan (elles n’en voyaient normalement pas d’autres) qui leur ressemblaient et se ressemblaient entre eux, il est probable que le concept physiologique de paternité était ignoré des groupes humains concernés. La femme enfantait, mais l’homme n’engendrait pas. L’acte créateur était féminin. D’où l’importance de la matrilinéarité dans les traditions juridiques les plus anciennes. […]
Quand tout cela a-t-il changé ? Sans doute aux temps néolithiques. Et pourquoi ? Peut-être à cause de l’apparition de l’élevage. Lorsque diverses communautés se mirent à élever des bêtes au lieu de simplement leur faire la chasse, certaines de ces communautés connurent peut-être un stade où l’animal mâle leur parut tout indiqué pour la viande, cependant que l’animal femelle fournirait les petits. Ô stupeur ! Si l’on abat trop de mâles, les femelles cessent de produire ! Il se peut que cette expérience ait fait comprendre, à la longue, à certains groupes, puis à d’autres, et finalement, de proche en proche, à (presque) tout le genre humain, le concept de paternité.
[] L’expansion des guerres et la découverte de la paternité ont provoqué chez les humains de sexe masculin une bouffée d’orgueil et d’ambition dont, après dix millénaires, ils ont à peine commencé à se remettre. Je suis le guerrier, je détruis, je tue. Quelle joie et quelle gloire ! Mais quand il s’agit de créer, de continuer la race, qu’est-ce que j’apprends ? Que ce n’est pas le fait de la femme ! L’homme est tout aussi créateur, voire davantage. Peut-être la femme n’est-elle que le réceptacle, et la source de vie est-elle dans le mâle ?

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