Algérie : la guerre des prix

Publié le 1 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

La confiance est revenue. Les constructeurs aussi, au point de se bousculer : 42 marques sont aujourd’hui présentes sur un marché automobile algérien qui ne cesse de croître, 70 000 véhicules neufs vendus en 2003, 117 000 en 2004, 132 000 en 2005, et 158 524 en 2006, soit une progression de 20 % sur le dernier exercice.
Pourtant, la réorientation des crédits à la consommation de la Caisse d’épargne populaire vers le secteur immobilier, alors qu’ils avaient jusque-là soutenu les achats automobiles, laissait craindre une stagnation du marché en 2006. Il n’en a rien été. Car les ventes de voitures neuves ont bénéficié de la forte décision prise fin 2005 par le gouvernement algérien : l’interdiction d’importer des « occasions récentes ». Les constructeurs, notamment les Français, avaient en effet pris l’habitude d’écouler à l’exportation de tels véhicules, le plus souvent âgés d’à peine six mois, de retour d’une brève carrière chez un loueur. Ce flux, de plus de 100 000 voitures par an, déséquilibrait le marché algérien. À la demande des marques asiatiques soumises à une concurrence qu’elles estimaient déloyales, le gouvernement y a mis fin. Au bénéfice des ventes de voitures neuves.
Car les marques asiatiques ont poursuivi la politique commerciale agressive, fondée sur de petits prix, qui avait permis à Daewoo (aujourd’hui Chevrolet) de pointer brièvement à la première place sur le marché en 1999, avec 22 739 ventes. Ce fut une première brèche dans la traditionnelle domination des constructeurs français. Depuis, Hyundai et Toyota s’y sont engouffrés, suivis par Kia, Maruti, Nissan ou Daihatsu.
Mais il serait réducteur d’expliquer les mouvements qui ont traversé le marché algérien ces dernières années par une simple guerre des prix. Car les marques asiatiques ont également su proposer au public les trois types de modèles dont il a besoin. Des 4×4 pick-up comme le Toyota Hilux (7 103 ventes en 2006). Des citadines à tarifs bas comme la Hyundai Atos (7 085 ventes) ou la Maruti 800 (6 285 ventes), qui est une Suzuki Alto d’ancienne génération. Ou bien encore des compactes familiales à trois volumes et malle, comme la Hyundai Accent (12 047 ventes), le modèle favori des chauffeurs de taxi d’Alger, qui a arraché l’an passé à sa petite sur Atos le titre de voiture la plus vendue du pays.
Or, sur ces trois segments du marché, les constructeurs français n’avaient pas grand-chose à proposer : pas de 4×4, ni de minicitadine 4 portes, juste une Clio II Classic tricorps fabriquée en Turquie et qui n’est pas distribuée en France. D’où leur recul. Peugeot a corrigé le tir en important d’Iran, courant 2006, une 206 tricorps. Et Renault compense cette faiblesse avec la Dacia Logan, qui menace maintenant l’Accent avec 8 557 exemplaires diffusés en 2006. Mais Citroën est toujours aussi démuni. Dès lors, ses résultats commerciaux se réduisent comme peau de chagrin : 5 490 ventes en 2004, 3 714 en 2005, 2 800 en 2006. Car en Algérie, marché dynamique et largement ouvert à la concurrence, il est désormais, pour un constructeur, une faute qui ne pardonne pas : l’inadéquation de l’offre par rapport aux attentes du public.

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