Documentaires d’auteur

Mondovino, de Jonathan Nossiter, Le génie helvétique, de Jean-Stéphane Bron, Outfoxed, de Robert Greenwald (Les deux premiers sortent à Paris le 3 novembre, le troisième est sorti le 22 octobre)

Publié le 31 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les années cinématographiques 2003 et 2004, on peut déjà le dire, auront incontestablement
été celles du retour en grâce du documentaire. Ce genre qui avait perdu beaucoup de son attrait auprès du public des salles de cinéma depuis les années 1970 ou 1980, peut-être à cause de la concurrence de la télévision, est à nouveau en vedette. Presque chaque semaine désormais, parmi les sorties les plus remarquées, on ne peut que noter la
présence de longs-métrages appartenant à cette catégorie. Et dans la plupart des festivals
consacrés au septième art, ils tiennent le haut de l’affiche.
La sortie presque simultanée de trois films dignes d’intérêt à Paris vient encore illustrer cette tendance. Le premier, Mondovino, n’est pas passé inaperçu lors de sa présentation à Cannes, où il faisait partie de la sélection officielle, en mai dernier. Il
s’agit, à travers une enquête sur les évolutions actuelles du commerce du vin qui nous entraîne du Bordelais jusqu’en Argentine et en Californie, d’une féroce critique des effets de la mondialisation. Sera-t-on bientôt condamné à l’uniformité du goût pour permettre à des négociants cyniques de s’enrichir en flattant les palais du plus grand
nombre ? À question simple et inquiétante, réponse nuancée mais guère optimiste d’un réalisateur qui a su mettre en scène de façon habile, et parfois drôle, tous ses témoins.
Avec Le Génie helvétique, le sujet est encore plus directement politique. L’auteur, en effet, a installé sa caméra pendant plusieurs semaines devant la porte, inviolable, d’une commission de l’Assemblée nationale suisse qui devait préparer une loi sur le génie génétique. Donc affronter la question partout controversée de l’autorisation éventuelle de la production d’OGM (organismes génétiquement modifiés). Grâce à ce dispositif minimal, à base d’interviews des participants aux débats, à peine amélioré par diverses séquences tournées chez des élus ou dans quelques autres lieux, Jean-Stéphane Bron réussit à nous proposer un documentaire sur les bons et les mauvais côtés de la
démocratie parlementaire aussi passionnant qu’un véritable film de fiction.
Enfin, dans Outfoxed, Robert Greenwald dénonce les méthodes journalistiques très particulières et fort peu objectives de la grande chaîne télévisée d’information Fox News aux Etats-Unis. Un film-pamphlet sur « la guerre contre le journalisme de Rupert Murdoch », comme l’indique le sous-titre du long-métrage, qui, à partir
essentiellement d’un montage de témoignages d’anciens journalistes de Fox, démonte le véritable système de désinformation mis au point par les dirigeants ultraconservateurs de cette entreprise qui s’est mise au service de George Bush après son élection.
Trois longs-métrages différents et très réussis qui, tous, démontrent que le retour au premier plan du documentaire a des causes profondes. Parce qu’aucun de ces films, d’abord,
n’aurait pu être tourné pour la télévision, que ce soit pour des raisons esthétiques ou de moyens les images mais aussi le son et le montage ont la qualité cinéma. Mais aussi parce que, à l’opposé du classique film animalier ou de voyage, ils traitent de « vrais »
sujets, avec de vrais points de vue. Le renouveau qu’ils illustrent, c’est donc celui du documentaire d’auteur sur grand écran.

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