Amin Maalouf fait chou blanc

Publié le 31 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

L’écrivain franco-libanais Amin Maalouf était donné grand favori, le 28 octobre, à l’élection au fauteuil d’académicien laissé vacant par le décès du juriste Georges Vedel en 2002. La notoriété des cinq autres postulants ne souffrait aucune comparaison avec celle de l’ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique, auréolé de très gros succès de librairie tels que Léon l’Africain et Les Croisades vues par les Arabes avant d’être couronné du prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios.
Si Amin Maalouf a obtenu 11 voix au premier tour et 10 aux deux suivants – se plaçant loin devant ses concurrents -, il lui en fallait 15, soit la majorité des votants, pour entrer sous la Coupole. L’élection a donc été déclarée blanche.

À croire que le doyen Vedel est irremplaçable. C’est la quatrième fois que les Immortels se réunissent en vain pour lui trouver un successeur. À chaque reprise, pourtant, des personnalités de renom avaient présenté leur candidature : le sociologue Alain Touraine, l’universitaire et homme politique Roger-Gérard Schwartzenberg, l’écrivain franco-tunisien Albert Memmi… Par comparaison, on se souvient de la facilité avec laquelle l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing a été élu, le 11 décembre 2003, au fauteuil de Léopold Sédar Senghor.
L’échec d’Amin Maalouf n’a rien d’extraordinaire. L’admission à l’Académie procède d’un jeu subtil fait d’amitiés et de chausse-trapes. Victor Hugo avait bien été recalé quatre fois avant d’entrer triomphalement sous la Coupole. Émile Zola, lui, s’était présenté vingt-quatre fois… sans succès. Mais on croyait la vieille dame du quai Conti, dont l’archaïsme n’est plus à relever, désireuse de se donner un visage plus avenant en incitant de vrais écrivains à la rejoindre. Avec l’accession, en 1999, d’Hélène Carrère d’Encausse à la fonction de secrétaire perpétuel, on pouvait espérer que l’institution créée en 1635 par Richelieu allait se féminiser et s’ouvrir à des voix différentes, notamment à cette « francophonie » dont on se gausse tant à Paris et dont Amin Maalouf est sans conteste l’un des plus dignes représentants. Cela ne semble pas être encore le cas. Un illustre auteur du XVIIIe siècle écrivait : « L’Académie est un corps où l’on reçoit des gens titrés, des hommes en place, des prélats, des gens de robe, des médecins, des géomètres et même parfois des gens de lettres. » La formule de Voltaire, puisqu’il s’agit de lui, n’a rien perdu de son acuité.

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