Etisalat à l’heure des grandes manoeuvres
Déjà bien implanté sur le continent, l’opérateur d’Abou Dhabi pourrait bien devenir un compétiteur sérieux s’il parvenait à mettre la main sur Maroc Télécom.
Télécoms : à la recherche de nouveaux revenus
Potentiel
Etisalat sait qu’il a beaucoup à y gagner. Confronté à la maturité de son marché domestique, l’opérateur ne peut rester insensible au potentiel du continent. En 2012, son chiffre d’affaires africain (hors Égypte et Nigeria) a crû de 9 % par rapport à 2011, à 756 millions de dollars (571,94 millions d’euros) pour un bénéfice net de 7,4 millions de dollars sur un total mondial de 1,84 milliard de dollars. « L’Afrique est la région qui a le plus contribué à la croissance du groupe l’an dernier. Ce devrait être encore le cas en 2013, puisque l’Égypte – qui subit une forte décroissance de ses revenus en dirhams en raison de la dévaluation de la livre face au dollar – n’est pas comptabilisée dans cette région », explique Omar Maher, analyste chez EFG-Hermes. Selon la banque d’investissement, Etisalat détiendrait plus de 20 % du marché ivoirien de la téléphonie, 35,8 % de celui du Bénin, 32,3 % du Togo, 16,7 % du Gabon, 39 % de la République centrafricaine, 15,3 % du Niger et enfin 13,6 % du Nigeria. Il est aussi implanté en Tanzanie et au Soudan.
Expansion
Nul doute que si l’opérateur émirati remportait la part de Vivendi dans Maroc Télécom, il opérerait un changement de taille stratégique. « Etisalat pourrait se servir de Maroc Télécom comme d’un véhicule d’expansion en Afrique », poursuit Omar Maher. Rien de plus naturel en effet puisque l’opérateur marocain s’est beaucoup impliqué à l’international depuis 2001, en prenant des participations majoritaires dans des opérateurs historiques tels que Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Gabon Télécom et, enfin, Sotelma au Mali.
Parmi tous les acteurs présents en Afrique, Etisalat présente le bilan le plus solide. « C’est le groupe le mieux noté de la région, confirme Patrice Cochelin, responsable des télécoms chez Standard & Poor’s. Même en cas d’acquisition des parts de Vivendi dans Maroc Télécom et d’une offre sur les minoritaires (30 % de l’État marocain), ce qu’Etisalat s’est refusé à faire, sa note ne serait abaissée que d’un cran compte tenu de l’impact sur sa trésorerie. Par rapport à Qatar Telecom, comparable à Etisalat en termes d’actionnariat gouvernemental (60 % pour Etisalat) et d’ambition, l’émirati a montré plus de prudence dans ses acquisitions. » En 2010, Etisalat a acheté l’opérateur Atlantique Télécom, dont il détenait 50 % du capital depuis 2005. Présent dans six pays d’Afrique de l’Ouest, ce dernier a constitué la tête de pont de l’émirati en Afrique francophone.
Et celle-ci n’est pas la seule dans son viseur. Au Nigeria, sa filiale vient d’obtenir un prêt de 1,2 milliard de dollars auprès de plusieurs banques pour financer l’expansion de son réseau de téléphonie mobile. « Le Nigeria est un marché difficile. L’opérateur sud-africain Telkom s’y est cassé les dents et a dû partir, rappelle Patrice Cochelin. Etisalat est mieux placé et a les moyens d’augmenter ses parts de marché et sa couverture de réseau. » Dans ce pays, où il compte déjà 15 millions d’abonnés, l’émirati envisage d’en gagner 4 millions de plus cette année.
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