Le cauchemar de Boeing, en Afrique aussi

Avec les déboires de son 787 Dreamliner, Boeing se retrouve en fâcheuse posture, notamment face à ses clients africains. Une situation qui pourrait profiter à son éternel concurrent, l’européen Airbus.

Ethiopian est pour l’instant la seule compagnie africaine à disposer de 787. © AFP

Ethiopian est pour l’instant la seule compagnie africaine à disposer de 787. © AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 24 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Certifié en août 2011, censé faire « rêver le ciel », le Boeing 787 Dreamliner devait doper les ventes du constructeur américain, en transportant 220 passagers avec une consommation en carburant inférieure de 20% aux avions du même type, grâce à des batteries lithium-ion.

Mais aujourd’hui, le rêve aéronautique du groupe Seattle se transforme en cauchemar. Après deux incidents sérieux, l’un à Boston le 7 janvier (un décollage raté), l’autre à Tokyo le 16 janvier (un atterrissage d’urgence), tous deux liés à un dysfonctionnement des fameuses batteries, le bureau fédéral américain de l’aviation a décidé de suspendre l’autorisation de vol aux États-Unis. Conséquence de cette décision rarissime – la dernière de cet ordre date de 1979 -, applicable partout dans le monde, les 50 premiers Dreamliners vendus sont tous cloués au sol depuis le 17 janvier. Le 24 janvier, cette interdiction a été prolongée. Huit compagnies opéraient l’avion jusqu’alors : All Nippon Airlines, Japan Airlines, Air India, Lan Chile, United Airlines, le polonais LOT, Qatar airways, et, seule compagnie africaine à l’utiliser, Ethiopian Airlines.

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Tournée de présentation

En 2010, le groupe d’Addis-Abeba avait annoncé une commande de huit Dreamliners, capable d’assurer des liaisons d’un bout à l’autre du continent, pour un coût total de 700 millions de dollars. Le 10 septembre dernier, son PDG Tewolde Gebremariam, enthousiaste pour les performances de l’avion, avait même fait une tournée de présentation du second Dreamliner acquis par sa compagnie, passant par Seattle, Paris, et Bruxelles, avant de rallier la capitale éthiopienne.

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Mais d’autres compagnies africaines pourraient modifier leurs choix aéronautiques si le constructeur américain ne parvient pas à résoudre ces problèmes techniques rapidement. Le carnet de commandes de la Royal Air Maroc inclut l’acquisition de 5 Dreamliners, dont un en option, suite à la décision de son PDG Driss Benhimma de se séparer de sa flotte Airbus. Pour s’assurer de la livraison de sa commande, le groupe marocain a déjà commencé à verser des avances. Donc il ne pourra que difficilement revenir sur cette décision. Le toute jeune CamairCo, basée à Douala, avait annoncé son intention d’opérer deux Dreamliners après 2015, mais en leasing, donc sans obligation d’achat.

Les petites compagnies qui privilégiaient Boeing jusqu’à présent pourraient finalement lui préférer Airbus

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Compétition d’Airbus

Du coup, alors que le marché aéronautique africain est dominé par le leasing (location d’avion), une solution qui engage à moins long-terme qu’une acquisition, les petites compagnies qui privilégiaient Boeing jusqu’à présent pourraient finalement lui préférer Airbus. Sur ce segment, le groupe européen est compétitif, soit avec son A330, soit avec l’A350 XW, le dernier modèle du groupe européen qui sera livré à partir de 2014.

Aussi économique en carburant que son rival américain, mais transportant davantage de passagers (autour de 300 sièges), il pourrait faire changer d’avis les compagnies qui préféraient Boeing jusqu’alors. Tout dépendra de la capacité de Boeing à rassurer sur son avion, en particulier auprès des autorités américaines de certification aérienne.

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