Casimir Oyé Mba : « Seule solution pour sortir de l’impasse politique au Gabon, le dialogue »

Casimir Oyé Mba, opposant gabonais et ancien Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, appelle une nouvelle fois le chef de l’État au dialogue national.

Casimir Oyé Mba est l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, et opposant. © Vincent Fournier pour J.A.

Casimir Oyé Mba est l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, et opposant. © Vincent Fournier pour J.A.

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Publié le 2 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Ali Bongo Ondimba © Marco De Swart/AFP
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Gabon, à l’heure des comptes

Sur l’échiquier politique, comme sur les plans économique et social, les grandes manœuvres ont commencé. Objectif : la présidentielle 2016.

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Cadre éminent du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) depuis les années 1970, Casimir Oyé Mba en a démissionné pour se présenter à la présidentielle de 2009, avant de retirer sa candidature à la dernière minute. Il est passé dans l’opposition l’année suivante en participant à la création de l’Union nationale. Très critique sur le septennat d’Ali Bongo Ondimba, l’ancien Premier ministre de son père explique "ce qui ne va pas". Et, comme il l’avait fait en 2009, appelle à un dialogue national.

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Jeune afrique : Comment jugez-vous la situation politique au Gabon ?

CASIMIR OYÉ MBA : Les personnalités proches du pouvoir soutenaient que tout allait bien, mais aujourd’hui il semble qu’elles se soient enfin rendu compte que ça n’allait pas. Elles commencent à parler de dialogue… Les tensions actuelles ont plusieurs causes. La première est que les Gabonais savent que la Cour constitutionnelle, le ministère de l’Intérieur et la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) ont accordé la victoire à Ali Bongo Ondimba, qu’il a été installé et qu’il a la légalité pour lui, mais ils ne se reconnaissent pas dans ce pouvoir. Cette élection ne lui a pas apporté assez de légitimité pour gouverner dans de bonnes conditions.

La gouvernance du pays n’est pas satisfaisante.

Que lui reprochez-vous ?

La gouvernance du pays n’est pas satisfaisante. Le chef de l’État considère que c’est une caste qui devrait diriger le pays. Soit. Mais il y a des pratiques douteuses qu’il ne peut pas ignorer. Résultat : la redistribution de la richesse nationale est inégalitaire. C’est ce qui explique toutes ces grèves dans les administrations. Prenez la gestion budgétaire. Depuis trois ans, elle n’est pas efficace. Le budget est adopté courant décembre et mis en place vers février. Mais, avant même d’être engagé, il doit être modifié par une loi rectificative. C’était le cas en 2014 et cela devrait se reproduire cette année. Je trouve extraordinaire que les membres du gouvernement aient parié sur un prix aussi haut du baril, alors que tous les indicateurs annonçaient sa chute !

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Que suggérez-vous pour faire baisser les tensions politiques ?

Je n’ai pas de solution toute faite. Mais, encore une fois, je suggère de dialoguer. Au lendemain de l’élection de 2009, j’ai publié une tribune dans Jeune Afrique pour appeler au dialogue. C’est une méthode.

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Quand vous dites dialogue, vous pensez conférence nationale ?

Ce que je pense importe peu. Certains veulent une conférence nationale et souhaitent même qu’elle soit souveraine. Appelons ces assises comme vous voulez, ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est d’appeler les gens qui ont de l’expérience, la société civile, les jeunes, les religieux, à dialoguer. On les réunit, et on voit de manière consensuelle ce que l’on peut faire pour sortir de cette impasse.

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