Canada : David Muipatayi alias ZPN, autoentrepreneur du hip-hop
Figure montante du hip-hop, ce jeune Congolais est installé dans la province canadienne de l’Ontario, où il produit ses propres disques. En attendant de percer à l’international.
ZPN n’est ni un acronyme ni un nom de code. « J’ai passé mon permis au Canada et, quand j’ai eu ma première voiture, elle était immatriculée ZPN 388. J’étais tellement excité et fou d’elle que ma famille et mes amis ont commencé à m’appeler ZPN, et c’est resté. » Démarche décontractée, allure juvénile de rappeur, impossible de deviner que ce trentenaire, père de trois enfants, est un homme d’affaires établi. Installé dans la province de l’Ontario, le jeune entrepreneur se rend souvent ces derniers temps dans la province voisine du Québec, à Montréal, pour s’offrir un peu plus de visibilité via la diffusion, sur les radios francophones, de son très entraînant dernier single, « Tokyo ».
« C’est sûr que le marché canadien est passif, il dépend énormément du marché américain. Au Québec, ils sont encore plus frileux. C’est une question de mentalité. Les radios communautaires ou commerciales ne sont pas assez ouvertes au hip-hop francophone, et même aux artistes locaux. Ce n’est pas un hasard si Céline Dion ou Corneille sont partis pour bâtir leur succès ailleurs et, ensuite, revenir. Je me concentre donc sur l’Europe et l’Afrique », déclare celui qui est aussi surnommé le French Pitbull.
Pour parvenir à ses fins, l’artiste n’hésite pas à investir et a lancé, en 2011, sa propre maison de disques, Bing Bang Music Entertainment (BBM Entertainment). « Dans mon style musical il n’y a rien qui bouge au Canada, il n’y a aucune maison de disques considérée comme une major et intéressée par notre genre, soutient-il. Ils préfèrent jouer la carte de la musique américaine. J’ai donc voulu développer quelque chose à moi, pour pouvoir sortir des frontières du Canada. » ZPN gère aujourd’hui quelques artistes, dont la chanteuse Vicky Paradis, et multiplie les collaborations avec d’autres chanteurs comme Kareem (hip-hop) ou Abel Maxwell (R’n’B). BBM Entertainment partage un studio d’enregistrement à Ottawa avec une autre compagnie partenaire, B.O.D.B. Entertainment. Bien que son label ne soit pas encore rentable, ZPN ne renonce pas. « On survit. On ne se laisse pas abattre. Les deux derniers mois ont été occupés par la préparation du lancement de l’EP de Vicky Paradis. »
En 1999, il participe au concours de chansons Tout nouveau, tout show, dont il est finaliste, et il obtient le Prix coup de coeur du festival ontarien Musiqu’en août.
Ce n’est pas la première fois que l’entrepreneur s’engage ainsi pour d’autres artistes. Entre deux albums, en 2005, il avait pris le temps de mettre en place et de produire le Z Show, un festival promouvant la culture hip-hop francophone en Ontario. « C’est sûr que je préfère être sur scène, dit-il. C’est le moment que j’aime le plus. Être manageur, dans les coulisses, c’est pour comprendre et apprendre le plus possible. Je veux être complet avant d’arriver sur le marché international. »
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Né en RD Congo, David Muipatayi, alias ZPN, grandit avec sa famille en région lilloise (France). « J’ai loupé mon bac, j’étais trop dégoûté pour retourner à l’école, raconte-t-il. J’avais un frère installé à Montréal, et mon père m’a dit : « Va faire un tour au Canada. » Et voilà ! Je ne le regrette pas. » Après quatre années d’études, le jeune homme obtient un diplôme en relations publiques et un autre en assistance juridique. En 1999, il participe au concours de chansons Tout nouveau, tout show, dont il est finaliste, et il obtient le Prix coup de coeur du festival ontarien Musiqu’en août.
Il fonde alors, avec trois amis, le collectif Afro-Connexion et sort un premier album solo, Le Masque de Z, en 2003. Un succès, dans lequel il décline des titres engagés contre la violence et l’injustice. Trois ans plus tard, un deuxième album, Sacrifice, voit le jour. Des chansons tout aussi militantes composent cet opus réalisé par Sonny Black, le producteur de Corneille et de K-Maro, avec de nombreux collaborateurs, dont la chanteuse Eva Avila. En 2011, son troisième album, Première Classe, regroupe des chansons plus intimistes.
« Quand j’écris, j’écris sur tout. Je peux être festif comme je peux être très engagé. J’ai toujours oscillé entre les deux. » En 2012, « Sur ma planète » est composée avec Kareem suite aux différents Printemps arabes. « Pour l’instant, on se concentre sur les singles. Beaucoup de gens ont aimé « Tokyo », ça se joue beaucoup dans les clubs et on pousse au niveau des radios européennes et africaines. Je veux accrocher les gens avec des singles qui formeront un album en 2015, et percer le marché outre-Atlantique. » Un premier voyage est prévu au Congo, au Sénégal et en France pour concrétiser ces objectifs.
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