Barack Obama au National Prayer Breakfast : pour l’oecuménisme, c’est raté…

Lors du traditionnel National Prayer Breakfast, le 5 février, Barack Obama a tenté de plaider pour la tolérance religieuse. Il n’a réussi qu’à faire l’unanimité contre lui.

Publié le 18 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Il voulait pourtant bien faire ! En soutenant lors du National Prayer Breakfast (Washington, 5 février), un raout oecuménique organisé chaque année, que les crimes de l’État islamique (EI) s’inscrivent dans une longue tradition d’actes de barbarie commis au nom de la religion, notamment au temps des croisades et de l’Inquisition, Barack Obama a déclenché une sacrée tempête.

"Certains ont commis des actes terribles au nom du Christ", a benoîtement déclaré le président américain. Aux États-Unis même, "l’esclavage et les lois Jim Crow (réglementations ségrégationnistes en vigueur dans le Sud jusqu’en 1965) ont trop souvent été défendus au nom du Christ". Que n’avait-il pas dit ! Aussitôt, la twittosphère conservatrice s’est enflammée. Obama a été accusé, pêle-mêle, de s’être laissé aller à des comparaisons anachroniques, d’avoir blessé des millions de chrétiens et de minimiser les exactions des partisans de l’État islamique.

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"Ce sont les propos les plus offensants que j’aie jamais entendus dans la bouche d’un chef de l’exécutif", s’est étranglé un responsable républicain, tandis que le président de la Ligue catholique jugeait l’analogie présidentielle "pernicieuse et insultante". De leur côté, certains apprentis historiens estiment que les croisades, qui ont commencé à la toute fin du XIe siècle, n’ont été qu’une réaction aux agressions perpétrées par les musulmans plusieurs siècles auparavant. Une position très minoritaire chez les historiens.

Obama n’avait en vue qu’une chose : dissocier l’islam des atrocités commises en son nom par l’État islamique – ce "culte de mort", a-t-il dit. "D’une école au Pakistan aux rues de Paris, nous avons été témoins d’actes de violence et de terreur perpétrés par des gens qui, loin de défendre leur foi, loin de défendre l’islam, ne font en réalité que le trahir." Le message peut sembler évident. Il a pourtant bien du mal à passer.

Le Tibet, bon ami ?

Au cours de ce même petit déjeuner de prière, Obama, décidément en grande forme, a aussi réussi l’exploit d’offenser Indiens et Chinois ! Le président et le dalaï-lama, qui participait à la cérémonie, se sont en effet salués en joignant leurs deux mains devant eux. Par la suite, le premier est allé jusqu’à qualifier le second de "bon ami". C’était la première fois qu’il rencontrait en public le chef temporel (et guide spirituel) des Tibétains, exilé en Inde depuis 1959 – il l’a dans le passé rencontré à trois reprises, mais en privé. Fureur à Pékin, où le ministère des Affaires étrangères a rappelé son hostilité à tout pays accueillant le dalaï-lama. Plus poétique, une agence de presse citée par le New York Times a écrit que les États-Unis avaient ainsi "enfoncé un clou dans le coeur du peuple chinois".

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Enfin, Obama, qui a été reçu en grande pompe à New Delhi, fin janvier, s’est mis à dos les Indiens en déplorant les attaques contre certaines religions dont leur pays a été récemment le théâtre (des églises ont été vandalisées). "Ces actes d’intolérance auraient choqué Gandhi", a-t-il estimé, ce qui n’est guère douteux. Le Times of India a pourtant qualifié le propos de "camouflet embarrassant". Finalement, ce malheureux petit déjeuner aura été tout sauf oecuménique !

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