Gabon – Tropicale Amissa Bongo : le Tunisien Rafaa Chtioui s’épanouit loin de l’Europe

Ancien grand espoir du cyclisme ayant évolué dans des formations européennes, le Tunisien Rafaâ Chtioui, vainqueur dimanche de la 10e Tropicale Amissa Bongo, la plus grande course d’Afrique, s’épanouit désormais dans une équipe émiratie, Skydive Dubai.

Le Tunisien Rafaa Chtioui, le 22 février 2015 à Libreville. © AFP

Le Tunisien Rafaa Chtioui, le 22 février 2015 à Libreville. © AFP

Publié le 23 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Il y a quelques années, beaucoup d’observateurs voyaient en Chtioui, un futur "grand" du peloton. Il était capable de faire la différence lors de parcours difficiles, comme il l’a montré en remportant en solitaire la première étape de l’Amissa Bongo, tout en étant rapide lors des arrivées, comme il l’a aussi rappelé en s’imposant lors du sprint massif devant les spécialistes du genre, le lendemain, lors de la deuxième étape.

Vice-champion du monde junior en 2004, vainqueur du contre-la-montre du Tour de l’Avenir en 2007, multiple fois champion arabe en ligne et en contre-la-montre, Chtioui, ex-pensionnaire en Suisse du Centre mondial du cyclisme (CMC) qui accueille les plus grands espoirs mondiaux, était alors courtisé par de nombreuses équipes. Il a défendu notamment les couleurs d’Acqua & Sapone et d’Europcar. Mais il n’a jamais vraiment percé et a fini par quitter l’Europe pour la formation en devenir Skydive.

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Alors pourquoi Chtioui est-il parti dans une équipe ne disputant pas les grandes compétitions ? Sous couvert de l’anonymat, un proche d’Europcar affirme que la pratique de sa religion et sa méfiance envers la nourriture ont nui à son intégration.

Quand on évoque le sujet, Chtioui ne répond pas directement. "J’ai été bien accueilli en Europe. Ce n’était pas le problème. Il n’y avait pas de racisme. Mais, la vérité, ça aide d’être dans une équipe où on parle arabe, où la mentalité me correspond plus. Je ne sais pas comment dire… Pour le sport de haut niveau, c’est bien d’être dans son environnement."

Et, il souligne qu’il s’est toujours sacrifié quand on le lui a demandé dans des courses: "Je n’ai jamais eu de problème pour travailler pour un coéquipier."

Skydive vise le WorldTour

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En tout cas, chez Skydive, Chtioui rayonne aujourd’hui, à 29 ans. Et il a écrasé la concurrence à l’Amissa Bongo, creusant des écarts inédits sur une course où le classement final se joue habituellement pour des poignées de secondes.

Il est désormais le leader d’une équipe où évolue des coureurs en devenir, comme Andrea Palini, mais aussi de vieux briscards, comme le Marocain Addil Jelloul ou l’Espagnol Paco Mancebo, dont la carrière a été stoppée par l’affaire de dopage Puerto.

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Soutenue par les Emiratis, l’équipe a des moyens et de l’ambition. Signe de sa puissance, elle a remporté trois étapes de l’Amissa Bongo. "L’équipe est forte. Il y a une belle ambiance. On s’entend bien. On sait changer de tactique selon la forme des uns ou des autres. Je peux me sacrifier pour l’équipe", explique Chtioui, qui voit désormais plus grand.

"Chaque jour, on a un objectif. (Skydive) c’est un projet qui progresse. Il faut qu’on confirme nos résultats, pour monter en WorldTour l’année prochaine", insiste le Tunisien, qui rêve de disputer un premier grand Tour.

Chez Skydive, le coureur a retrouvé l’envie de sa jeunesse. Repéré vers l’âge de 14 ans lors d’une course dans son village de Cité El Mourouj près de Tunis, il avait alors commencé la compétition.

"Au début je n’aimais pas, je préférais le VTT", se souvient-il. "Mais après j’ai compris les tactiques de courses, les stratégies, et j’ai adoré la route. Je voulais tout le temps courir."

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