César 2015 : le film franco-mauritanien « Timbuktu » triomphe avec sept prix

Le film franco-mauritanien « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako, chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes, a triomphé vendredi à la 40e cérémonie des César, au cours d’une soirée qui a voulu célébrer la liberté d’expression.

bderrahmane Sissako brandit ses trophées lors de la cérémonie des César, le 20 février 2015. © Bertrand Guay/AFP

bderrahmane Sissako brandit ses trophées lors de la cérémonie des César, le 20 février 2015. © Bertrand Guay/AFP

Publié le 21 février 2015 Lecture : 3 minutes.

"Timbuktu" a reçu sept prix, dont les prestigieux trophées du meilleur film et meilleur réalisateur.

"La France est un pays magnifique, parce qu’elle est capable de se dresser contre l’horreur, contre la violence, l’obscurantisme", a dit Abderrahmane Sissako, en référence aux immenses manifestations dans le pays qui ont suivi les attentats du 7 au 9 janvier à Paris.

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"Il n’y a pas de choc des civilisations, ça n’existe pas. Il y a une rencontre des civilisations", a ajouté celui qui est devenu le premier cinéaste d’Afrique noire à recevoir le César du meilleur réalisateur. "Il faut croire que l’Humanité est capable d’un sursaut" face à l’horreur, a-t-il encore dit devant la presse. "Le cinéma joue son rôle dans ce ce sursaut là et c’est merveilleux".

"Résister à la barbarie"

Le Premier ministre français Manuel Valls a salué samedi sur son compte Twitter le "sacre mérité" du film, soulignant qu’il fallait "résister à la barbarie".

La ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, a adressé ses "chaleureuses félicitations" aux lauréats et a déclaré dans un communiqué que "Dans un monde qui tend à s’uniformiser, la France fait entendre une autre voix, celle de la diversité de la création, de l’audace, de l’ouverture". "Après l’épreuve que la France vient de traverser, le dialogue des cultures, la découverte de l’autre, la création sous toutes ses formes sont une réponse forte au sectarisme, à l’intolérance et à tous les fanatismes", a-t-elle ajouté.

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"Timbuktu", éclairage sur l’extrémisme qui trouve une résonance politique particulière dans l’actualité, est également en course pour l’Oscar du meilleur film étranger décerné dimanche.

Célébrant la tolérance face à l’obscurantisme, le film est inspiré de faits réels: le nord du Mali est bien tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui en ont été chassés en grande partie par l’opération militaire "Serval", à l’initiative de la France.

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Nommé à huit reprises, "Timbuktu" –qui a aussi reçu les César du scénario, du montage, du son, de la photo et de la musique –, était le grand favori de la soirée face à "Saint Laurent" de Bertrand Bonello sur la vie du couturier français, qui est reparti presque bredouille.

Film le plus souvent cité, avec dix nominations, il n’a remporté que le César des meilleurs costumes, éclipsé par le raz-de-marée Sissako.

Dès le début de la cérémonie au théâtre du Châtelet à Paris, son président Dany Boon avait donné le ton, en soulignant que "en ces temps troublés, nous nous devons de montrer l’exemple et de faire preuve d’ouverture d’esprit, de tolérance, de respect, de générosité et d’amour". "Le monde a bien besoin en ce moment qu’on lui raconte des histoires, de belles histoires pour que le monde continue de croire en son humanité", a-t-il ajouté.

Face à cette déferlante "Timbuktu", les autres films se sont partagé les prix restants.

Adèle Haenel et Pierre Niney

Pierre Niney, 25 ans, qui prête sa grâce fragile à Yves Saint Laurent dans le film "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert, autre biopic sur le couturier français, a reçu le César du meilleur acteur, l’emportant sur son concurrent Gaspard Ulliel dans le film de Bertrand Bonello.

Pierre Bergé, compagnon historique d’Yves Saint Laurent, qui avait adoubé la version de Jalil Lespert, a qualifié samedi sur Twitter d’"os à ronger" le César des meilleurs costumes décerné à "Saint Laurent", un film "méchant, homophobe", selon lui.

Adèle Haenel, 26 ans, a décroché le César de la meilleure actrice pour son rôle de jeune femme rebelle et impulsive se préparant à l’apocalypse dans "Les Combattants" de Thomas Cailley.

Ce premier long métrage d’un jeune cinéaste de 34 ans, oeuvre la plus représentée derrière "Saint Laurent" avec neuf nominations, a aussi obtenu le César du premier film et celui du meilleur espoir masculin pour son interprète Kévin Azaïs.

La comédie "La Famille Bélier" d’Eric Lartigau, très appréciée du public, a de son côté été récompensée par le César du meilleur espoir féminin pour la comédienne et chanteuse Louane Emera, 18 ans, découverte dans le télé-crochet The Voice.

L’actrice américaine Kristen Stewart, 24 ans, est devenue la première Américaine à remporter un César, pour son second rôle dans "Sils Maria" d’Olivier Assayas. L’acteur Reda Kateb a quant à lui reçu le César du meilleur second rôle masculin pour son interprétation d’un médecin dans "Hippocrate" de Thomas Lilti. "Mommy" du Québécois Xavier Dolan a emporté le César du meilleur film étranger.

(AFP)

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