Glencore-Xstrata : un géant suisse voit le jour

Jugé inéluctable par les analystes, le mariage de Glencore et Xstrata a donné naissance au quatrième groupe minier mondial. Alors qu’il vient d’obtenir le feu vert des autorités sud-africaines, le groupe n’attend plus que l’autorisation du Mofcom (ministère du Commerce chinois).

Ivan Glasenberg (au premier plan), DG de Glencore, au siège de Xstrata, à Zoug, le 20 novembre 2012. © Sigi Tischler/AP/SIPA

Ivan Glasenberg (au premier plan), DG de Glencore, au siège de Xstrata, à Zoug, le 20 novembre 2012. © Sigi Tischler/AP/SIPA

Publié le 28 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Conclu pour 24 milliards d’euros en novembre 2012, le rachat du minier suisse Xstrata par son compatriote Glencore, tous deux cotés à Londres, a donné naissance à une machine de guerre forte d’un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros. Bien que le rapprochement des deux groupes ait nécessité près de un an, il était jugé inéluctable par les analystes tant leur histoire est indissociable. Xstrata est né en 2002 du rachat des activités liées au charbon, notamment en Afrique du Sud, de Glencore, qui possédait depuis lors 34 % de son cadet.

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Spécialités

Surtout, leurs métiers sont complémentaires. Même s’il chapeaute une activité industrielle qui représente environ deux tiers de son résultat d’exploitation, Glencore est passé maître dans l’art de négocier les matières premières à travers le monde, tandis que Xstrata a fait de la restructuration de projets miniers risqués sa spécialité. D’après un analyste, son historique en la matière est impressionnant : « À la différence des autres miniers, Xstrata a une approche de terrain, explique-t-il. Le groupe est géré sur place, avec seulement quelques dizaines de personnes [sur 70 000 collaborateurs, NDLR] à son siège de Zoug. »

Selon la même source, il a été décidé que les équipes de Xstrata prendraient la responsabilité des opérations industrielles du nouvel ensemble, tandis que le management de Glencore se concentrerait sur le négoce, un métier qui lui permet d’entrer en contact avec ses fournisseurs et d’identifier des cibles éventuelles grâce à un solide réseau d’informateurs à travers le continent. C’est ainsi qu’il a pu mener des acquisitions opportunistes, à l’image du rachat de Katanga Mining, en RD Congo. Le groupe suisse cultive également les meilleures relations avec les autorités locales : « Glencore fait partie des rares à être capables d’opérer au Katanga [en RD Congo] », relève un professionnel du secteur.

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L’Afrique pièce maîtresse

Glencore
Sites en cours d’exploitation
Shanduka (Afrique du Sud, charbon) ; E&P (Guinée équatoriale, hydrocarbures) ; Mutanda Mining et Katanga Mining (RD Congo, cuivre et cobalt) ; Mopani (Zambie, cuivre et cobalt)

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Xstrata
Régions d’exploitation
Rustenburg, Lydenburg et Brits (Afrique du Sud, charbon, chrome et platine)
Sites en cours de développement
Zanaga (Congo, fer) ; Al Skaf, El Aouj et Lebtheinia (Mauritanie, fer) ; Kabanga (Tanzanie, nickel)

Dans l’attente du feu vert des autorités de régulation, qui vient d’être encore retardé au 15 mars, le nouveau géant se refuse à donner des informations sur sa stratégie africaine. Mais un analyste estime qu’il est « évident » que la zone constitue l’une des pièces maîtresses de la stratégie du nouvel ensemble. Xstrata (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Afrique en 2010) exploite des mines de fer en Mauritanie, de nickel en Tanzanie et de charbon et ferrochrome en Afrique du Sud. Glencore possède des gisements de zinc et de cuivre en Zambie et en RD Congo, sans oublier la production de pétrole en Angola et en Guinée équatoriale. Quelques-unes de ses activités recoupent celles de Xstrata en Afrique du Sud, mais une grande partie de la croissance attendue pour Glencore doit provenir de ses projets en RD Congo, où il est présent à travers ses deux filiales Katanga Mining et Mutanda Mining.

Accusations

Pour s’y développer, le groupe doit non seulement faire face au manque d’infrastructures et aux problèmes d’alimentation en électricité, mais aussi tenir compte des accusations de Global Witness. L’ONG britannique rappelle régulièrement les rapports opaques qu’entretient la société avec l’homme d’affaires controversé Dan Gertler. Signe de ces difficultés, le cours en Bourse de Katanga Mining a été quasiment divisé par deux en 2012. L’expérience combinée des deux entreprises ne sera pas de trop pour retourner la situation. 

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