Mali : l’industrie aurifère résiste à la crise… pour l’instant

L’occupation du Nord du Mali par les rebelles islamistes n’a pas porté préjudice au secteur. Mais une période d’incertitudes s’ouvre avec le coup d’envoi de l’intervention militaire française.

Le gisement de Loulo est exploité par Randgold Resources. © Randgold Resources

Le gisement de Loulo est exploité par Randgold Resources. © Randgold Resources

Publié le 29 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Alors que la guerre dans le Nord-Mali bat son plein, le secteur minier se porte bien. « La production aurifère n’a pratiquement pas été affectée », affirme Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali. Selon le ministère des Mines, 43,5 tonnes d’or brut ont été produites en 2011. En 2012, sur les onze premiers mois de l’année, ce sont 41,3 tonnes d’or qui ont été extraites. « Les zones aurifères sont à des milliers de kilomètres du Nord-Mali, dans le sud et dans l’extrême ouest du pays », explique Alassane Diarra, directeur général de MCS Consulting, un cabinet de courtage malien spécialisé dans l’or.

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Et le putsch de mars 2012 n’a pas remis en question les contrats d’exploitation. « Les autorités ont toujours été présentes et assurent notre sécurité. L’option rapatriement n’a pas été mise sur la table, mais c’est une très bonne chose que l’armée française ait réagi aussi vite », indique Mark Bristow, directeur général de Randgold Resources. « Néanmoins, la crise a eu un impact négatif sur la prospection, relativise Alassane Diarra. Des investisseurs se sont montrés plus frileux, et quelques acteurs se sont retirés », effrayés par la perspective d’enlèvements, même dans des zones censées être épargnées. Une perspective ravivée par le rapt d’un Français fin novembre à Diéma, dans l’ouest du pays.Cliquez <span class=sur l'image." title="Cliquez sur l'image." class="caption" style="margin: 3px; border: 0px solid #000000; float: right;" />

Malgré tout, la production devrait encore progresser en 2013. Portées par un cours de l’once qui atteint des records (1 270 euros début janvier), les annonces d’ouverture ou de prolongation d’exploitation de mines d’or se multiplient. Ainsi, le sud-africain AngloGold Ashanti a été autorisé à prolonger d’une douzaine d’années l’exploitation de sa mine de Sadiola, et l’australien Resolute Mining va investir 185 millions d’euros dans celle de Syama pour l’exploiter quinze années de plus.

Aubaine

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En plus des sept mines déjà ouvertes, deux nouveaux sites ont été inaugurés en 2012 : Wassoul’or (par la société malienne éponyme) et Gounkoto (par Randgold Resources). « Le complexe de Loulo-Gounkoto, actuellement en cours d’expansion, forme l’une des plus grandes mines d’or d’Afrique, se réjouit Mark Bristow. En 2011, 346 000 onces ont été extraites de ces deux mines, 500 000 en 2012, et la production devrait dépasser les 600 000 dès 2014, avec une durée de vie de plus de vingt ans. »

D’autres projets sont prêts à se concrétiser, à l’image du gisement de Nampala, dont la concession a été confiée au canadien Robex. « Et treize autres sites sont en cours de prospection, s’enthousiasme Abdoulaye Pona. Les perspectives sont vraiment excellentes. Le Mali pourrait devenir le deuxième producteur aurifère du continent. » Une aubaine pour l’État, qui, ainsi que le prévoit le code minier, détient 20 % des parts des sociétés d’exploitation.

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Une nouvelle raffinerie

Swiss Bullion Company et l’entreprise malienne Pan African Minerals Beneficiation Consultants se sont associés pour ouvrir une raffinerie d’or d’une capacité de 20 tonnes par mois, près de Bamako. L’investissement est estimé à 45 millions d’euros et les travaux ont démarré en janvier. « L’objectif est de valoriser les matières premières du sous-sol ouest-africain, explique Abdoulaye Pona. Nous allons aussi créer des ateliers de taille de pierres précieuses et de fabrication de bijoux haut de gamme. »

Si le président de la Chambre des mines du Mali se félicite du millier d’emplois directs et indirects qui devraient être créés, Mark Bristow, directeur général de Randgold Resources, est plus réservé : « Les marges sont trop faibles, le projet n’est pas viable », indique-t-il en connaissance de cause. Le groupe britannique dispose en effet d’une petite raffinerie dans la mine de Loulo, « exclusivement destinée à favoriser l’emploi local ». B.T.

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