Mali : vers un accord de paix définitif ?
Le 5e et dernier round des négociations intermaliennes de paix engagées en juillet à Alger se sont soldées dimanche par un accord inachevé, paraphé par le gouvernement mais pas par les principaux groupes rebelles du Nord. Ceux-ci réclament un délai pour consulter leur base.
Que contient l’accord d’Alger ?
L’accord signé dimanche à Alger par le gouvernement malien et les groupes armés du Nord du pays – à l’exception notable de ceux rassemblés sous la bannière de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui regroupe les principaux groupes rebelles à dominante touarègue, dont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) – prévoit deux dispositions majeures.
La première est la création d’Assemblées régionales élues au suffrage universel direct et dotées de pouvoirs importants dans un délai de dix-huit mois, assortie d’une promesse de "plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales". La seconde – déjà utilisée sans grande réussite par le passé – est l’intégration des combattants des mouvements du Nord dans l’armée malienne, y compris à des postes de commandement.
Comme le souhaitait Bamako, le texte ne parle ni d’autonomie ni de fédéralisme et insiste sur l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, ainsi que sur le caractère républicain et laïc de l’État. Il cite néanmoins l’Azawad (l’appellation du nord du Mali par les rebelles) comme une "réalité humaine", répondant ainsi à une revendication des rebelles.
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Pourquoi les principaux groupes rebelles réclament un délai
Cet "accord de paix et de réconciliation" n’a pas été paraphé par la Coordination des mouvements de l’Azawad, qui a demandé un "délai raisonnable" pour consulter les populations qu’elle représente, après avoir exigé en vain des amendements au texte final.
Dès lundi, les délégués de la CMA vont retourner dans leurs fiefs du nord malien pour tenter de convaincre une société civile opposée à un projet qui ne parle ni d’autonomie ni de fédéralisme. Pour les leaders de la Coordination, le raisonnement est simple : un accord non partagé avec les populations et sa base a peu de chances d’être appliqué sur le terrain. La tâche s’annonce difficile : samedi après-midi, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités du Nord, comme à Ber et Kidal, contre le texte élaboré à Alger.
Malgré cette épée de Damoclès supendue au-dessus du nouvel accord, les discours se veulent rassurants, tant du côté de la médiation algérienne que dans les rangs de la Coordination. Selon Ramtane Lamamra, le texte sera signé "par toutes les parties" et le délai demandé exprime "l’ambition d’obtenir le maximum de soutien" au texte et non une volonté de s’en "désolidariser". De son côté, Mohamed Ousmane Ag Mouhamedoun, un des porte-paroles de la Coordination, a expliqué que les non-signataires n’excluaient pas de parapher le texte en cas d’approbation de la population, se disant même "optimiste quant à une signature dans quelques semaines au Mali".
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Un accord définitif signé fin mars à Bamako ?
Une cérémonie de signature officielle de cet accord de paix est prévue fin mars à Bamako. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, chef de la délégation gouvernementale à Alger, s’est dit convaincu "que la signature aura lieu dans quelques semaines". Le Premier ministre, Modibo Keïta, a pour sa part appelé les groupes rebelles à franchir le pas pour "construire l’édifice de la paix, du développement juste équilibré". "Le projet d’accord soumis aux parties n’est certes pas parfait, mais il constitue un compromis que nous pouvons accepter tout en restant vigilants quant à sa mise en œuvre", a-t-il indiqué.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation internationale, a qualifié cet accord, dont l’accouchement a nécessité huit mois de laborieux pourparlers, de "boussole crédible et efficace vers la paix". Après cinq rounds de négociations, entamés en juillet 2014 à Alger, "les négociations sont terminées", a déclaré le porte-parole de la médiation algérienne. Un échec serait synonyme d’une nouvelle impasse, et donc d’une nouvelle crise dans un Nord du Mali de plus en plus en proie aux divisions tribales inter-touarègues et aux trafics de toutes sortes.
(Avec AFP)
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