Terrorisme : l’étonnante histoire du premier Sud-Africain à avoir rejoint Daesh

Un jeune Sud-Africain, se présentant sous le nom d’Abu Hurayra Al-ifriki, assure avoir rejoint les rangs de l’État islamique en Syrie. Une information qui n’a pas encore été confirmée par les autorités de son pays. Mais le récit de l’intéressé se révèle d’une impeccable crédibilité.

Abu Hurayra, premier Sud-Africain connu à avoir rejoint les rangs de Daesh en Syrie. © Twitter

Abu Hurayra, premier Sud-Africain connu à avoir rejoint les rangs de Daesh en Syrie. © Twitter

Publié le 27 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Il se fait appeler Abu Hurayra Al-Ifriki. Il qualifie la vie dans l’État islamique, qu’il prétend avoir rejoint, "d’étonnante". Cet apprenti jihadiste serait le premier Sud-Africain à avoir garni les rangs de Daesh. Dans une interview  accordée au quotidien sud-africain The Daily Maverick, menée par l’intermédiaire d’une plate-forme de messagerie social, il décrit sa nouvelle vie en Syrie.

la suite après cette publicité

Photo publiée sur Twitter où "Abu Hurayra" pose avec un AK-47. Sur son bandana on peut lire en arabe "Il n’y a de Dieu que Dieu", la première ligne de la shahada islamique.

"J’ai rejoint l’État islamique parce que son objectif est d’établir la parole d’Allah à la plus haute place, et le mot de Kufr (mécréance) à la plus basse. C’est ce que Dieu nous demande dans le saint Coran. C’est donc un devoir obligatoire pour tous les musulmans du monde entier que celui de rejoindre le jihad".

Sur son compte Tumblr, il promet d’aider les musulmans sud-africains souhaitant rejoindre Daesh en leur fournissant des informations pratiques sur la façon de faire le voyage pour l’État islamique. Il partage ainsi ses "bons plans" pour réserver des billets d’avion, des hôtels et des transports en Turquie, le point de transit vers la Syrie.

la suite après cette publicité

Tel un guide touristique, il peignait sur son compte Twitter, avant la suspension de celui-ci, un tableau idyllique de l’État islamique : "Les maisons ne sont pas de standing mais l’EI couvre le loyer… sauf si vous voulez une villa, dans ce cas vous devrez payer (…) Les hôpitaux sont gratuits pour les moudjahidin (jihadistes), comme l’eau et l’électricité, l’essence et le fusil. Ils nous donnent une allocation mensuelle pour la nourriture et les dépenses courantes".

la suite après cette publicité

 Abu Hurayra a envoyé une photo au Daily Maverick de son cachet d’entrée en Turquie, avec la date barrée. © DR

Tableau idyllique de l’État Islamique

Même s’il avoue que les trois premiers mois sont toujours difficiles pour les nouveaux arrivants, Abu-Harayra assure que la vie dans l’État islamique a été à la hauteur de ses attentes. "L’État islamique n’est à court de rien, la nourriture est excellente, les coûts de la vie sont extrêmement faibles ; nous obtenons tout ici (…) Les maisons que nous occupons ne sont pas mal du tout, que ce soit les hôtels cinq étoiles Hilton, ou les bâtiments d’un palais ou les voitures de luxe. Je n’échangerais cette vie pour rien au monde".

Le nom musulman du jihadiste n’est pas fortuit : Abu-Hurayra était un compagnon du prophète Mahomet et le narrateur le plus prolifique des hadiths sunnites (traditions prophétiques), tandis que Al-Afriki signifie "l’africain". Il lui arrive également de se présenter sous le pseudonyme  d’Al-Hindi, "l’Indien", ce qui suggère a priori qu’il serait d’origine indienne.

Profils créé en Afrique du sud et dernier tweets postés en Syrie

Abu Hurayra n’a pour l’instant pas révéler son vrai nom. Mais les investigations du Consortium de recherche et d’analyse sur le terrorisme (TRAC) ont permis de retrouver l’endroit en Syrie où ses derniers tweets ont été postés et ont confirmé que ses profils sur les réseaux sociaux ont été créés en Afrique du Sud. Ce qui confère de la crédibilité à son histoire. Il a également envoyé au Daily Maverick la photographie d’un passeport sud-africain où la première page est déchirée. "C’est mon passeport, j’ai déchiré la première page en disant ‘au nom du président’, en raison de son incrédulité. Je vais le brûler bientôt, par la volonté d’Allah ", a-t-il assuré.  

Sur le compte Twitter d’Abou Hourayra, supprimé depuis, il affirmait, image à l’appui, qu’un second combattant sud-africain surnommé "Abou Bara" aurait rejoint l’État islamique. © DR

L’apprenti djihadiste a publié plusieurs photos de lui avec son nouveau AK-47 et assure vouloir se battre jusqu’à la mort pour Cheikh Khalifah Abu Bakr Al Baghdadi, le chef de l’État islamique et calife auto-proclamé : "Je ne reviendrai jamais dans la terre où je suis né autrement qu’avec des explosifs et mon fusil dans mes mains. Et Je ne vivrai jamais dans l’incrédulité". Dans un élan lyrique, il prévient : "Musulmans sud-africains, je dis que vous devriez vous dépêcher de rejoindre le Khilafah (califat) avant qu’il ne soit trop tard sinon la mort vous vaincra, car il n’y a rien qui soit digne dans votre pays qui sera bientôt conquis par les moudjahidin de l’État islamique, par la volonté d’Allah". L’Afrique du Sud est prévenue.

________

Samir Hamma

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires