Les géants de la logistique se disputent les contrats
Malgré la faiblesse des infrastructures en Afrique, géants occidentaux et opérateurs locaux s’y disputent les contrats d’approvisionnement des compagnies minières.
Sans logistique robuste, point de développement minier. C’est d’autant plus vrai en Afrique, où les gisements les plus attractifs sont isolés. Avec des infrastructures de transport défaillantes, l’approvisionnement des compagnies minières et l’évacuation des minerais sont techniquement exigeants. Pour respecter les délais, les opérateurs logistiques doivent faire preuve de réactivité face aux aléas climatiques et politiques. Et pour être retenus sur les appels d’offres internationaux, ils sont obligés de respecter des normes drastiques, notamment pour le transport de produits chimiques.
Des géants de la logistique tels que les français Bolloré Africa Logistics (BAL, 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012) et Geodis et les italiens Panalpina et Jas, tous très diversifiés, se positionnent sur la plupart des grands projets miniers. Mais d’autres acteurs, régionaux et plus spécialisés, convoitent des contrats, à l’image de Getma Guinée, un opérateur portuaire basé à Conakry et qui a étendu ses services logistiques à l’hinterland, ou du français Egis, actif en Afrique centrale.
Si les Européens restent leaders sur le marché, des groupes chinois s’y insèrent progressivement.
Segment vital
Si ces sociétés ne se consacrent pas qu’à l’activité minière, la part de celle-ci dans leurs revenus est majeure. Ce segment est vital pour Getma Guinée, l’économie locale étant bâtie sur les mines. « Nous avons réalisé 28 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, principalement en travaillant pour la Compagnie des bauxites de Kindia [filiale de Rusal, NDLR], la Société minière de Dinguiraye [or] et Bellzone [fer] », indique Olivier Ruth, son directeur général.
Les grands groupes sont capables de prendre en charge tous les segments de la logistique minière. Ils se positionnent en priorité sur les projets dans le fer, le cuivre, le charbon et la bauxite, qui nécessitent les infrastructures les plus lourdes, ou dans la filière aurifère, très stricte en matière environnementale. « Nous pouvons intervenir sur toutes les phases d’un projet. Nous assurons des études logistiques pendant la phase de faisabilité et prenons parfois en charge l’ensemble de la logistique pour la construction des infrastructures. Et pendant la phase d’exploitation, nous sommes capables d’assurer la chaîne d’approvisionnement amont et celle d’exportation du minerai », détaille Éric Melet, directeur du développement et des concessions de BAL.
De nouvelles voies
– Mont Simandou (Guinée, fer)
Voie ferrée de 800 km + port minéralier
– Mbalam (Cameroun, fer)
Voie ferrée de 500 km + route contiguë
– Marampa (Sierra Leone, fer)
Route de 45 km + port minéral fluvial
– Grande Côte (Sénégal, ilménite)
Route de 100 km
Dernier projet en date pour le groupe français, celui de la mine de fer de Marampa, en Sierra Leone, pilotée par London Mining. « Un axe routier réservé de 45 km entre le site minier et un port fluvial a été construit, et nous en assurons l’entretien. Il permet la circulation cadencée de convois de camions de 80 tonnes, poursuit Éric Melet. Au total, nous assurons toute la logistique depuis la mine jusqu’au port pour plus de 1 million de tonnes par an et avons investi 11,5 millions d’euros dans ce projet. » Autre grand contrat logistique en cours d’attribution, celui du mégaprojet de Rio Tinto au mont Simandou, en Guinée. La coentreprise Getma-Jas a obtenu du groupe australien le contrat d’acheminement des éléments pour la construction de la voie ferrée de près de 800 km. Un marché supérieur à 100 millions d’euros… mais qui est suspendu à la finalisation des discussions entre Conakry et Rio Tinto.
Si les groupes européens restent leaders du marché, des groupes chinois s’y insèrent progressivement. China Railway Engineering Corporation, déjà présent dans la construction d’infrastructures minières en Afrique, aimerait ainsi devenir opérateur logistique à part entière. Et le rachat en cours du projet de fer de Mbalam (Cameroun-Congo) par Hanlong inquiète certains groupes français bien implantés en Afrique centrale.
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