In Amenas : l’enquête britannique provoque la colère des familles de victimes

Selon les conclusions de l’enquête judiciaire britannique sur l’attaque du complexe gazier algérien d’In Amenas, il « est probable que la balle » qui a tué Stephen Green, l’un des sept otages, « a été tirée par les forces algériennes ».

A proximité du complexe gazier d’In Amenas, en Algérie, près de la frontière libyenne. © AFP

A proximité du complexe gazier d’In Amenas, en Algérie, près de la frontière libyenne. © AFP

Publié le 27 février 2015 Lecture : 2 minutes.

C’était il y a plus de deux ans. Du 16 au 19 janvier 2013, une prise d’otage spectaculaire par un commando islamiste sur le site gazier situé à 1 300 km au sud-est d’Alger entraînait la mort de 40 personnes – dont six Britanniques et un Colombien résidant au Royaume-Uni. L’attaque avait pris fin après un assaut des forces spéciales algériennes et le bilan final faisait état de la mort de 29 ravisseurs.

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Enquête britannique

Rendue publique jeudi 26 février, l’enquête de la justice britannique a conclu que les six Britanniques et Carlos Estrada Valencia, le Colombien résidant au Royaume-Uni, avaient tous été "tués illégalement", et que "la responsabilité de la mort de ces otages était imputable aux terroristes".

Le juge Nicholas Hilliard du tribunal londonien de l’Old Bailey note cependant qu’il "est probable que la balle" qui a tué Stephen Green, l’un de ces sept otages, "a été tirée par les forces algériennes".

Il arrive à la même conclusion pour Carlos Estrada Valencia, décédé "de nombreuses blessures provoquées par une explosion et par de multiples blessures causées par armes à feu". "Il est probable que les balles aient été tirées par les forces algériennes", conclut-il.

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Il note également plusieurs dysfonctionnements dans le protocole de sécurité du complexe gazier, notamment le fait qu’un portail d’accès censé être fermé en permanence était en réalité ouvert.

Cependant, aucune mesure n’aurait permis "d’éviter l’entrée dans le complexe de terroristes lourdement armés le 16 janvier 2013", juge-t-il.

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Colère des familles

Ces conclusions ont suscité la colère du père de Stephen Green, David Green, et de la famille de Carlos Estrada Valencia, dont l’avocat, Andrew Ritchie a annoncé l’intention de poursuivre en justice le géant pétrolier BP, co-gestionnaire du site avec le groupe norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach.

"Je pense que BP a échoué dans sa mission de sécurité vis-à-vis de mon fils. Je pense que le groupe a tiré des hypothèses injustifiées selon lesquelles l’armée algérienne et les gendarmes seraient capables de protéger mon fils", a dit David Green aux médias, devant le tribunal.

"Claudia Gaviria (la veuve de Carlos Estrada Valencia) va poursuivre BP au civil, au nom de la loi sur les accidents mortels, afin qu’elle et ses filles puissent obtenir ce que Carlos aurait dépensé pour elles le reste de sa vie", a déclaré l’avocat Andrew Ritchie.

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La veuve de Garry Barlow, Lorraine Barlow a également exprimé son mécontentement.

Satisfaction chez BP

BP s’est de son côté "félicité de l’achèvement de cette enquête". Le groupe ajoute, dans un communiqué, avoir procédé avec Statoil et Sonatrach à l’élaboration "d’un programme d’amélioration de la sécurité" sur le site gazier, depuis les attaques, affirmant vouloir "faire tout ce qui est possible pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise".

"Nos pensées demeurent avec les familles et les amis de ceux qui ont été touchés par la tragédie", conclut BP sans réagir aux annonces de poursuites judiciaires possibles de la part de certaines familles.

(Avec AFP)

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