Le gouvernement Valls lance une grande réforme de l’islam de France
Le gouvernement français a annoncé mercredi le lancement d’une grande réforme de l’islam de France autour d’une « instance de dialogue » censée mieux représenter les musulmans dans leur diversité. La formation des imams est notamment au programme.
La formation civile des imams, l’abattage rituel ou encore la sécurité des lieux de culte : ces points comptent parmi les principaux objectifs de la réforme de l’islam lancée mercredi par le gouvernement français en réponse à l’émoi suscité par les attentats de janvier. L’exécutif souhaite aussi mettre en place "d’ici l’été" une "instance de dialogue" censée mieux représenter les musulmans de France dans leur diversité, a ainsi annoncé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui a également souligné la "volonté de travailler à engager une large consultation avec les acteurs de l’islam".
La nouvelle instance se réunira "deux fois par an autour du Premier ministre", à l’instar de ce qui existe pour les catholiques, et agira "dans le respect rigoureux des principes de la laïcité, a précisé de son côté le ministre de l’Intérieur et des Cultes, Bernard Cazeneuve.
Anticipant d’éventuelles critiques, le ministère de l’intérieur a par ailleurs réfuté toute idée de reprise en main. La réforme s’inscrira dans le cadre de la loi de 1905 et l’État "n’a pas vocation à organiser le culte de l’intérieur ni à déterminer qui sont les ‘gentils musulmans’", a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
"Offrir aux pouvoirs publics des interlocuteurs plus divers que le CFCM"
Afin de composer ce nouvel organe, des consultations visant à identifier les interlocuteurs seront menées. La volonté du gouvernement est d’offrir aux pouvoirs publics des interlocuteurs plus divers que le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy et critiqué depuis pour son manque de représentativité. Le CFCM ne cessera toutefois pas d’exister, mais "à lui de prendre toute sa place dans cette dynamique", assure-t-on place Beauvau.
La formation des imams et des aumôniers qui seront désormais incités à suivre un diplôme universitaire (DU) de formation civique et civile.
Se voulant rassurant, Anouar Kbibech, un des vice-présidents du CFCM, a déclaré à l’AFP que son organisation "représentera la majorité de la nouvelle instance et il gardera un rôle pivot".
Former les aumôniers
Parmi les mesures phares de ce projet, la formation des imams et des aumôniers qui seront désormais incités à suivre un diplôme universitaire (DU) de formation civique et civile, lequel devrait être proposé dans une douzaine d’établissements d’ici la fin de l’année. Les aumôniers "ne seront recrutés désormais que s’ils ont obtenu ce diplôme de formation aux principes fondamentaux de la République", a ainsi déclaré Bernard Cazeneuve.
L’idée est de "favoriser l’émergence d’une génération d’imams pleinement insérés dans la République". Il existet en effet 2 300 mosquées et salles de prières en France n’ayant pas d’imam permanent, laissant par conséquent prospérer des prédicateurs souvent radicaux. La mise en place d’une Fondation de l’islam, le développement de bourses à destination des doctorants et un renforcement du contrôle des établissements scolaires seront également à l’ordre du jour.
L’annonce de cette réforme s’inscrit dans un contexte brûlant, marqué par la recrudescence des actes islamophobes. Depuis les attentats du 9 janvier, 176 agressions islamophobes ont en effet été recensées, soit plus que pendant toute l’année 2014, selon le ministre l’Intérieur. En déplacement à Bordeaux où il a visité trois mosquées cet après-midi, Bernard Cazeneuve estime qu’il est crucial "que la République protège tous ses enfants, et notamment les mosquées de tous les actes anti-musulmans".
(Avec AFP)
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