France-RDC : le mystère du meurtre de deux opposants de Kabila reste entier

Les raisons qui ont motivé l’assassinat de deux opposants congolais en France restent un mystère 14 ans après les faits, ont reconnu aujoud’hui les enquêteurs lors du procès des commanditaires présumés.

Le procès des commanditaires présumés de l’assassinat de deux opposants congolais est attendu se © JEAN-PIERRE CLATOT/AFP

Le procès des commanditaires présumés de l’assassinat de deux opposants congolais est attendu se © JEAN-PIERRE CLATOT/AFP

Publié le 25 février 2015 Lecture : 3 minutes.

« J’en conviens, on n’a pas déterminé réellement le mobile », a reconnu mercredi 25 février le commandant de gendarmerie chargé de l’enquête.

« Trafic d’or, trafic d’uranium, empêcher un coup d’État mettant à mal des projets financiers considérables… »  a t-il cité comme possible explication de l’assassinat de Philémon Mwami Naluhwindja, fils d’un chef Maï Maï, et d’Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire de Mobutu.

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Leurs corps avaient été retrouvés dans une voiture incendiée le 29 décembre 2000, dans un village situé à une trentaine de kilomètres de Lyon.

Les commanditaires présumés, Benoît Chatel, un homme d’affaires belge, et Alain Deverini, architecte d’intérieur monégasque qui sera finalement relaxé, sont jugés depuis lundi par la cour d’assises de Grenoble, dans le sud-est de la France.

>> Lire aussi : Un rappel de l’affaire

La thèse reconnue par l’accusation ne fait pas l’unanimité

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Les prévenus, aidés de leur homme de main, Domenico Cocco, qui sera jugé ultérieurement, auraient organisé l’élimination des deux opposants congolais, suspectés d’avoir voulu intenter un putsch contre Laurent-Désiré Kabila, afin de protéger leurs affaires en RDC, selon la thèse retenue par l’accusation. Une théorie qui ne fait pas l’unanimité.

« Je n’ai pas détecté un mobile clair (…) au meurtre de ces deux victimes », a ainsi estimé un adjudant, chargé en 2005 d’une analyse criminelle du dossier.

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>> Pour aller plus loin : Le récit de la mort de Laurent-Désiré Kabila

Vente d’uranium aux autorités françaises

Une des victimes, Philémon Mwami Naluhwindja, PDG de la Société minière du Congo, avait essayé de vendre des barres d’uranium aux autorités françaises, ce qui avait orienté les enquêteurs sur cette piste, sans succès. Même s’il n’y a « pas de doute sur la tentative de transaction », a assuré le chargé de l’enquête.

La DGSE nie toute implication

Autre piste, Benoît Chatel avait, au cours de l’enquête, révélé ses liens avec les services secrets français et affirmé que les victimes étaient suivies et écoutées par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Présent à la barre mercredi, Gérard Martinez, ancien directeur adjoint du renseignement à la DGSE à affirmé que celle-ci « n’a rien à voir ni de près ni de loin avec cet incident ». Benoît Chatel « a gonflé la relation (avec la DGSE), soit pour se faire mousser, soit pour faire un écran de fumée sur d’autres activités », a-t-il ajouté.

Un « simple contact » selon la DGSE

Il a présenté Chatel comme un « simple contact » qui fournissait des « informations à caractère politique » sur la RDC.

Il a aussi affirmé que la DGSE n’était pas informée à l’époque d’une collaboration de Chatel avec les services de renseignement congolais. Mais « tout le monde ici peut s’en douter après coup (…).

Les tueurs n’ont jamais été retrouvés

Autre zone d’ombre – et pas des moindres : les tueurs, deux Maghrébins censés avoir été recrutés par Domenico Cocco, n’ont jamais été retrouvés.

Les enquêteurs ont en revanche mis en lumière l’implication de Benoît Chatel et de Domenico Cocco dans l’affaire grâce aux nombreux appels téléphoniques qu’ils ont échangés entre eux qionsi qu’avec l’une des victimes.

Un des accusés porté disparu

Seul présent à l’audience, Deverini (qui sera relaxé) est pour sa part accusé d’avoir donné des instructions à Cocco.

Mystère de plus, Benoît Chatel est en effet jugé par défaut. Porté disparu, il serait mort, selon ses avocats. La dernière trace de lui est une photo d’avril 2012 qui le montre en RDC aux côtés d’hommes d’affaires et d’un ancien ministre.

Le verdict est attendu vendredi.

(Avec AFP)

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