Le dessinateur algérien Ali Dilem rejoint l’équipe de « Charlie Hebdo »

Le célèbre dessinateur de presse algérien Ali Dilem a rejoint la rédaction de « Charlie Hebdo », qui a sorti mercredi son second numéro depuis les attentats de janvier. Un choix audacieux qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre en Algérie…

Ali Dilem est l’un des plus célèbres dessinateurs algériens. © Facebook

Ali Dilem est l’un des plus célèbres dessinateurs algériens. © Facebook

Publié le 25 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Le nouveau numéro de Charlie Hebdo est arrivé… avec quelques surprises. Tout d’abord, exit le prophète Mahomet. L’hebdomadaire satirique a choisi pour sa "une" un dessin de Luz qui concentre toutes les cibles historiques du journal : l’extrême-droite, les intégristes religieux (dans leur ensemble) et les banquiers… Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et le pape sont notamment grimés en chiens d’attaque, coursant un petit chiot tenant un Charlie Hebdo dans sa gueule. Un numéro qui marque également la première participation du célèbre dessinateur algérien Ali Dilem, du quotidien Liberté. Membre de la fondation Cartooning for Peace, fondée suite à l’affaire des caricatures danoises de Mahomet, celui-ci intègre la rédaction de Charlie Hebdo en compagnie de René Pétillon.

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La nouvelle une de Charlie Hebdo sortie le 25 fevrier. © DR

Cible privilégiée du pouvoir algérien et des islamistes

Reconnu au niveau international, Ali Dilem a fait ses armes dans les quotidiens Alger Républicain et Le Matin, avant d’intégrer la rédaction de Liberté où il office depuis presque vingt ans. Fin, impertinent et courageux, ses dessins publiés en dernière page de son journal sont devenus incontournables en Algérie. Mais ses conditions de travail se sont compliquées à mesure que sa notoriété grandisait : menacé de mort par des groupes terroristes islamistes et cible privilégiée du pouvoir algérien, qui l’a poursuivi des dizaines de fois en justice, il vit aujourd’hui dans l’extrême discrétion pour échapper aux innombrables menaces dont il fait l’objet. En 2001, le Code pénal algérien a même adopté une disposition surnommée "amendement Dilem", qui prévoit jusqu’à un an de prison pour offense au président de la République ou aux corps de l’État.

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La première caricature de Dilem publiée dans Charlie Hebdo. © DR

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Un hebdomadaire pas si obsédé par l’islam

Le dessinateur algérien fait donc un choix pour le moins risqué en intégrant la rédaction de Charlie, un journal souvent taxé d’islamophobe dans le monde arabo-musulman en raison de ses nombreuses caricatures du Prophète. Une réputation qui est cependant usurpée, selon une étude menée par deux sociologiques et publiée dans le journal Le Monde, daté du 25 février. Celle-ci prouve que l’hebdomadaire satirique s’est en réalité très peu focalisé sur l’islam et les musulmans ces dernières années.

Réalisée par les sociologues Jean-François Mignot et Céline Goffette, l’étude analyse les 523 unes du journal, de janvier 2005 au 7 janvier 2015. Résultat : la religion ne concerne que 7 % des dessins de couverture, loin derrière la politique (64 %), l’actualité économique et sociale (16 %), le sport et le spectacle (8%)… Parmi les 38 unes ayant pour cible la religion, "plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des fidèles d’au moins une autre religion.

Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des "unes" de Charlie Hebdo se sont moquées principalement de l’islam et de l’intégrisme musulman. L’étude précise toutefois que les unes de l’hebdomadaire ne résument pas à elles seules le journal, mais qu’elles en sont la vitrine.
 

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