Nigeria : le vent est-il « en train de tourner » contre Boko Haram ?

Alors que les combats font rage et que les attentats-suicides se poursuivent dans le nord-est du Nigeria, le président nigérian Goodluck Jonathan a assuré mardi que l’armée était en train de prendre le dessus sur les islamistes de Boko Haram. Une assertion sans doute un peu rapide, et vraisemblablement motivée en grande partie par l’approche de la présidentielle.

La police nigériane sur les lieux d’un attenta-suicide à Kano, le 24 février 2015. © AFP

La police nigériane sur les lieux d’un attenta-suicide à Kano, le 24 février 2015. © AFP

Publié le 25 février 2015 Lecture : 3 minutes.

"Les temps du deuil (…) sera bientôt derrière nous"

Près de trois semaines après le début de l’intervention tchadienne au Nigeria pour lutter contre Boko Haram, et alors qu’il a reconnu avoir longtemps sous-estimé le groupe terroriste, Goodluck Jonathan tente de se montrer rassurant. "Le président assure tous les Nigérians, et plus particulièrement la population des États du nord-est, que le temps du deuil pour les victimes des attaques terroristes incessantes sera bientôt derrière nous, car le vent est en train de tourner contre Boko Haram", assure un communiqué diffusé mardi 24 février par la présidence nigériane.

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Le gouvernement nigérian a affirmé récemment avoir repris deux localités stratégiques aux mains des combattants de Boko Haram. Dans un premier temps Monguno, une ville-garnison contrôlée par les insurgés depuis le 25 janvier, et surtout Baga, sur les rives du lac Tchad, samedi, même si le groupe terroriste a démenti ces informations.

De leurs côtés, les troupes tchadiennes ont repris récemment aux islamistes plusieurs localités comme Gambaru et Dikwa (Nord-Est), proches de la frontière camerounaise.

Violents combats à Gambaru

Dans ces zones, des combats acharnés se poursuivent. L’armée tchadienne a indiqué mardi  avoir été attaqué par la secte islamique près de Gambaru, à la frontière camerounaise. "Après d’intenses combats de quelques heures, nos forces de défense et de sécurité ont complètement anéanti l’ennemi", explique un communiqué de l’état-major général des armées tchadiennes publié mardi soir sur la radio officielle.

"Plusieurs matériels récupérés, dont un char AML équipé d’un émetteur récepteur, deux mortiers, trois 12,7 mm, deux véhicules Pick-up de marque Toyota, des armes légères, ainsi que des dizaines de milliers de munitions de tous calibres", précise le texte qui ajoute que treize autres véhicules Pick-up et de nombreuses motos ont été détruits.

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Les premiers bilans reflètent la violence des combats : un soldat tchadien tué et neuf autres blessés, mais près de 207 islamistes tués.

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Attentats-suicides

Malgré les succès de l’armée tchadienne, l’optimiste du président Jonathan, que l’on peut expliquer par le contexte électoral (les élections générales sont prévues le 28 mars), n’en reste pas moins inapproprié au regard de la situation sur le terrain. Car son communiqué de mardi a été diffusé quelques heures à peine après deux nouveaux attentats dans des gares routières de Kano, la plus grande ville du nord du pays, et de Potiskum, la capitale économique de l’État de Yobe (Nord-Est). Ces nouvelles attaques ont fait au moins 27 morts.

À Kano, les "attentats-suicide" ont été perpétrés à 15h40 (14h40 GMT) par deux hommes qui venaient de descendre d’un bus, selon le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia. "Dix personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par l’explosion", a-t-il déclaré. Un peu plus tôt, un commerçant de la gare décrivait une scène d’horreur: "Un bus était éclaboussé de sang et de restes humains".

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Quatre heures plus tôt environ, à Potiskum, la capitale économique de l’État de Yobe, un attentat avait visé un bus bondé dans la gare de Tashar Dan-Borno, à la périphérie de la ville.

"Nous avons 17 morts et 27 blessés", a indiqué à l’AFP une infirmière de l’hôpital public de la ville où les victimes de l’attentat ont été transportées.

(Avec AFP)

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