« American Sniper » : quand Eastwood se tire une balle dans le pied

Annoncé en grande pompe, le nouveau long-métrage de Clint Eastwood, « American Sniper », relate le parcours d’un tireur d’élite de l’armée américaine connu pour ses exploits sanglants en Irak. Une vision manichéenne du monde où le « patriotisme » relègue toute autre considération au second plan.

Bradley Cooper incarne Chris Kyle dans American Sniper. © Warner

Bradley Cooper incarne Chris Kyle dans American Sniper. © Warner

Publié le 26 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Les valeurs patriotiques priment-elles sur les valeurs morales ? C’est la question que pose le dernier film de Clint Eastwood, American Sniper, blockbuster américano-centré qui a déjà engrangé plus de 350 millions de dollars de recettes rien qu’aux États-Unis. L’œuvre retrace le parcours de Chris Kyle, célèbre sniper de l’US Neavy Seal (incarné par Bradley Cooper), qui aurait assassiné 160 personnes en Irak entre 2003 et 2009. 

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160 irakiens assassinés "sans le moindre regret

Reparti de la cérémonie des Oscars avec seulement la statuette du meilleur son, le film avait soulevé une vive polémique aux États-Unis. Et pour cause : pendant deux heures, Eastwood porte au firmament la figure pour le moins douteuse d’un soldat qui se vantait froidement d’avoir assassiné des dizaines d’irakiens, dont une femmes qui portait son enfant. Sans jamais exprimer ni gêne ni regret.

Surnommé "The Legend", Chris Kyle a publié ses mémoires en 2012. Il y relatait notamment sa difficulté à retrouver une vie normale à son retour d’Irak. Clint Eastwood assure avoir retranscrit fidèlement son récit.  

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Problème : l’héroïsation de la figure du GI dévoué et animé par un amour inconditionnel pour sa patrie s’accompagne d’un manichéisme appuyé. Les autochtones musulmans sont uniquement présentés sous des traits hostiles, dépourvus d’épaisseur psychologique et dénués d’humanité.

"L’axe du mal"

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S’ajoute à cela une absence de contextualisation historique qui aurait pu nuancer le propos, comme ce fut le cas dans Lettres d’Iwo Jima, où le même Eastwood adopte le point de vue japonais pour expliquer la complexité de la Seconde guerre mondiale. Pourquoi n’a t-il pas eu recours au même procédé narratif afin d’atténuer sa vision simplificatrice de la guerre en Irak ?

Les Irakiens sont dépeints comme des terroristes en puissance animés par un bellicisme quasi-instrinsèque. Les mères, sans scrupule, poussent leurs enfants à commettre des attentats suicides. Les hommes, a priori hospitaliers mais fourbes en réalité, cachent des réserves d’armes de guerre dans leurs sous-sols.

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