Égypte : une figure de la révolte anti-Moubarak condamnée à cinq ans de prison
Accusé d’avoir eu recours à la violence lors d’une manifestation anti-Moubarak, Alaa Abdel Fattah, militant progressiste et figure de proue de la revolte de 2011, a été condamné lundi à cinq ans de prison par un tribunal égyptien.
Dans la nouvelle Égypte d’Abel Fattah Al-Sissi, il ne fait pas bon avoir été opposant à Hosni Moubarak. Alaa Abdel Fattah, blogueur et figure de la révolution de 2011, a été condamné lundi à cinq ans de prison pour des violences ayant eu lieu lors d’une manifestation non-autorisée par l’ancien régime.
Le militant de gauche de 33 ans était notamment accusé d’avoir volé le talkie-walkie d’un policier. Il avait déjà écopé de 15 ans de prison en juin, mais le droit égyptien lui accordait un nouveau procès car le verdict avait été prononcé par contumace.
Ses 24 co-accusés ont également été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans de prison. Le parquet accusait le groupe d’avoir attaqué des policiers durant une manifestation non autorisée qui avait eu lieu en novembre dernier. Les autorités égyptiennes continuent ainsi leur implacable répression de toute opposition, qu’elle soit islamiste ou laïque.
"Une honte que des jeunes soient emprisonnés pour avoir manifesté"
Selon l’AFP, vingt-deux des accusés présents à l’audience ont applaudi l’annonce du verdict, tandis que leurs proches s’effondraient en larmes ou scandaient à bas le pouvoir militaire.
Ce verdict intervient quelques heures après que le président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée à l’origine de la destitution de président islamiste Mohamed Morsi, a promis de libérer les jeunes emprisonnés à tort. "Ce sont eux les jeunes innocents qu’évoquait le président dans son allocution", s’est emporté Khaled Daood, le porte-parole du parti libéral Al-Dostour, présent au tribunal. "Pour un pays qui a connu deux révolutions, c’est une honte que des jeunes soient emprisonnés pour avoir manifesté", a-t-il regretté. Sissi a mis en prison les jeunes qui lui ont permis de s’asseoir sur le fauteuil (présidentiel), s’est par ailleurs lamentée la mère d’un condamné.
Dans les mois qui ont suivi l’éviction de M. Morsi, plus de 1 400 personnes ont été tuées dans la répression sanglante menée par l’armée. La plupart des victimes étaient des manifestants islamistes, tandis qu’au moins 15 000 pro-Morsi ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.
Des dizaines de militants laïques et de gauche, qui avaient soutenu l’éviction de M. Morsi avant de s’élever contre les nouvelles autorités, ont également été emprisonnés pour des rassemblements illégaux.
Malgré leur rôle majeur dans le soulèvement populaire de 2011, les militants n’ont que peu de soutien au sein de l’opinion publique. Lassée par quatre années de crise économique et d’instabilité politique. Une large majorité d’Égyptiens compte en effet sur M. Sissi pour rétablir l’ordre et la sécurité. L’ex-chef de l’armée peut également compter sur le soutien sans faille des médias.
(Avec AFP)
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