Mode : la différence s’invite (timidement) sur les podiums
La Fashion Week 2015 de New York a laissé s’insinuer entre les corps pâles, longs et fluets des modèles aux galbes jugés parfaits des profils un peu plus atypiques. Les mannequins à la peau noire ne sont pas en reste dans cette course à la « différence ».
Mannequins amputés, en chaises roulantes, trisomiques… La Fashion Week 2015 de New York proposait, du 12 au 19 février, un panel de physiques inaccoutumés – voire jamais promus sur un podium. Parmi eux, la fine silhouette de Winnie Harlow. Si les courbes de ce jeune mannequin n’ont rien à envier à ses pairs, une différence est à noter : la peau de cette poupée couleur ébène est zébrée de blanc en raison d’une maladie dépigmentant l’épiderme, le vitiligo. Les mannequins noirs étaient déjà une exception, mais aujourd’hui d’autres "différences" s’invitent sur les podiums. Mise en avant de la diversité ou coup de poing marketing pour l’empire de la mode ?
L’arrivée de nouveaux physiques dans le monde du défilé
Depuis les années 1960, sous l’impulsion de certains créateurs, à l’image d’Yves Saint-laurent ou Paco Rabanne, les mannequins à la peau noire ont pu émerger dans le monde de la mode. Grace Jones, Katoucha Niane, Iman Mohamed Abdulmajid… tant de grands noms qui ont mis un visage et donné une visibilité à une population au teint hâlé sous-représentée.
Depuis quelques années, certains couturiers ont décidé de miser sur des singularités physiques encore plus remarquables. Vivienne Westwood a, par exemple, fait de Diandra Forrest son égérie. Mannequin albinos, elle enchaîne aujourd’hui les défilés les plus prestigieux. D’autres, comme Elesha Turner, teint basané, marchant en béquille, arborent fièrement leur handicap sur les podiums. Malgré cet effort fait pour représenter la diversité des corps, les initiatives des empereurs de la mode restent encore très limitées.
Une opération marketing sous couvert de diversité ?
La Fashion Week 2015 de New York apporte un peu d’eau au moulin de ceux qui croient en la diversification des représentations, mais le chemin reste long.
Si ces enveloppes charnelles atypiques sont portées aux nues, le monde de la mode a-t-il vraiment fait un pas vers la représentation de la diversité, ou reste-t-il dans une opération marketing et aguicheuse ? Force est de reconnaître que les stéréotypes ont la vie dure. Dans une lettre ouverte adressée, en 2013, à l’attention des chambres syndicales de la mode de New-York, Londres, Milan et Paris, les ex- top modèles Naomie Campbell, Iman Mohamed Abdulmajid et Bethnann Hardison on dénoncé la place trop discrète faite au mannequins noirs.
Il est cependant à noter, une petite progression entre 2013 et l’année suivante : 80% des mannequins embauchées pour les défilés de la Fashion Week printemps 2014 étaient blanches (3% de moins), 8,1% étaient asiatiques (contre 9,1% l’année précédente) et 8% étaient noires (soit une progression de 2%).
La Fashion Week 2015 de New York apporte un peu d’eau au moulin de ceux qui croient en la diversification des représentations, mais dans un domaine où le diktat de la minceur, du teint pâle et de la peau lisse est prépondérant, le chemin reste long.
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