L’expulsion de 33 chibanis à Paris pose la question de la situation des vieux migrants en France
Après avoir été expulsés manu-militari jeudi matin de leur hôtel situé rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris, 33 chibanis (personnes âgées) ont reçu l’assurance d’être définitivement relogés par la mairie de Paris avant le 30 juin prochain. Mais leur situation juridique reste compliquée. Explications.
Mis à jour le 21 février à 16h00.
"Un coup de force". C’est en ces termes que l’association Droit au logement (DAL) a qualifié jeudi 19 février, dans un communiqué, l’expulsion de 33 chibanis d’un hôtel situé au 73 rue Faubourg Saint-Antoine, dans le 11e arrondissement de Paris. Peu avant 7h30, ces immigrés retraités, originaires pour la plupart d’Algérie, ont eu la mauvaise surprise de voir débarquer une flopée de CRS venue les déloger des logements qu’ils occupaient pourtant depuis des années. Une décision d’autant plus brutale qu’elle intervient en pleine trêve hivernale, période dans laquelle aucune expulsion n’est censée avoir lieu. Initialement prévue pour le mois de décembre, l’évacuation de la vielle bâtisse, jugée insalubre et dangereuse, a été retardée par la mairie de Paris qui "a tout fait" pour empêcher l’application de la décision de justice selon Ian Brossat, adjoint à la maire en charge du logement et de l’hébergement d’urgence.
>> Lire le reportage : Ces vieux migrants piégés en France
Des solutions de relogement d’ici le 30 juin prochain
Les chibanis étaient menacés d’expulsion depuis un jugement rendu en juillet 2013 par le Tribunal de grande instance de Paris, mais n’ont pris connaissance de l’arrêté qu’en juin 2014. Un appel aux dons afin de financer leur relogement a été lancé sur internet.
Les CRS venus expulser les 33 chibanis, jeudi matin, dans le 11e arrondissement de Paris. © Adra
La plupart de ces retraités magrébins sont désormais hébergés dans un immeuble géré par l’association Aurore en attendant une proposition de relogement d’ici le 30 juin prochain, comme s’y est engagé dans un communiqué Ian Brossat. L’élu communiste estime que ces hommes "ont contribué aux richesses de notre ville et de notre pays et qu’il est essentiel de leur proposer dans les plus brefs délais des solutions respectueuses de leur dignité". Il assure par ailleurs que seize chibanis se sont d’ores et déjà vu proposer un logement et que l’un d’eux a déjà emménagé dans le 19e arrondissement.
"Permettre aux chibanis de rentrer dans leur pays tout en bénéficiant de leur indemnités françaises"
Joint par Jeune Afrique, Yougourten Ayad, président l’association Algériens des deux rives et leurs amis (ADRA) qui s’occupe du dossier des chibanis depuis plusieurs mois, s’est dit "choqué et scandalisé" par ces pratiques. Selon lui, le nœud du problème réside dans l’insuffisance en matière de coopération entre les pouvoirs publics algériens et français : "Il faut trouver des solutions durables pour mettre fin à de telles situations. Actuellement, un chibani ne doit pas séjourner plus de 6 mois et 3 jours en Algérie et doit revenir en France s’il souhaite être inscrit au régime de la sécurité sociale. Une loi qui ne s’applique pas aux retraités français partis vivre à l’étranger une retraite ensoleillée comme on peut en voir au Maroc… Ne serait-il pas plus humain de permettre à ces retraités étrangers de pouvoir vivre dignement leur retraite dans leur pays d’origine tout en ayant la possibilité de continuer à percevoir leurs indemnités et bénéficier des soins de santé en France ?"
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