Lutte contre Boko Haram : le bombardement d’Abadam, au Niger, une bavure militaire ?

Au moins 36 personnes sont mortes mardi à Abadam, une petite ville du Niger frontalière avec le Nigeria, à une dizaine de kilomètre de Bosso, après le largage d’une bombe par un avion non identifié.

Manifestation le 18 février à Niamey. © AFP/Boureima Hama

Manifestation le 18 février à Niamey. © AFP/Boureima Hama

Publié le 19 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 18 heures 30

Que s’est-il passé ?

Mardi 17 janvier à 17h00 (locales, 16h00 GMT), un avion "dont l’origine reste à déterminer" a bombardé la localité d’Abadam côté Niger, faisant "36 morts et 27 blessés", affirme l’armée nigérienne dans un rapport quotidien dont l’AFP a obtenu copie mercredi.

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Selon le vice-maire d’Abadam, Ali Youram, qui s’exprimait sur une télévision privée, "deux avions sont venus au-dessus du village. L’un a bombardé la mosquée où se trouvaient des fidèles. Le deuxième avion a lâché une bombe à près de 200 mètres du village". Les 36 victimes sont "des habitants qui assistaient à une cérémonie de deuil d’un responsable préfectoral", a déclaré une source humanitaire.

Abadam est divisé par un cours d’eau. Une partie du village se trouve au Nigeria et l’autre au Niger. Mais seule la partie nigérienne d’Abadam a été touchée par la bombe. D’après l’élu de Bosso, une première bombe était tombée "il y a trois jours" sur le village de Gamgara, également situé à proximité de Bosso, "faisant un mort".

Qui a mené ce raid ?

Des sources locales interrogées par l’AFP accusent le Nigeria. "On a constaté que ce sont des avions nigérians pour avoir aperçu leurs couleurs vert et blanc. Ça se voit, même étant assis, tu peux les apercevoir", a affirmé le vice-maire d’Abadam, pour qui les pilotes l’ont fait "exprès". "Je ne pense pas qu’ils pouvaient ne pas connaître la frontière entre le Niger et le Nigeria", a-t-il souligné.

Le témoignage du vice-maire corrobore les dires d’un élu de Bosso, une bourgade située à une dizaine de km d’Abadam. "Dans un premier temps, nous avions pensé à une bavure de l’armée nigérienne ou tchadienne, mais finalement, nos soupçons se portent vers l’armée nigériane", a-t-il déclaré. Il n’y a eu aucun rapport d’un avion nigérian impliqué dans ce bombardement", a répondu Dele Alonge, le porte-parole de l’armée de l’air nigériane, dans un SMS envoyé à l’AFP.

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Les armées du Niger et du Tchad, actuellement mobilisées à la frontière nigéro-nigériane pour lutter contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, "excluent toute responsabilité" dans le largage de la bombe. Selon un officier du Niger joint par J.A., aucun avion nigérien n’a décollé mardi, jour du bombardement. "On enquête. Les Nigérians et les Tchadiens aussi", poursuit la source qui estime qu’il "est quasiment impossible de reconnaître les couleurs d’un avion de chasse depuis le sol". Une analyse qui vient relativiser les témoignages recueillis par l’AFP.

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Cet incident intervient cependant dans un contexte tendu entre les pays luttant contre Boko Haram, notamment entre le Nigeria et le Niger d’un côté, et entre le Cameroun et le Nigeria de l’autre.

Enquête et deuil national

Le gouvernement nigérien a annoncé mercredi 18 février l’ouverture d’une enquête et décrété trois jours de deuil national après le bombardement mardi par un avion "non identifié" d’un village du sud-est du Niger, qui a fait au moins 36 morts et une vingtaine de blessés.

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"Une enquête est ouverte pour identifier le ou les aéronefs auteurs de cette tragédie", a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre de la Justice Marou Amadou. "À la mémoire des victimes de cette tuerie, un deuil national de trois jours sera observé à partir de ce jeudi et les drapeaux seront mis en berne sur toute l’étendue du territoire national", a-t-il déclaré à la télévision publique.

(Avec AFP)
 

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