RDC : la démission de Russ Feingold, une épine de moins dans le pied de Kabila

En fonction depuis juin 2013, Russ Feingold a démissionné samedi de son poste d’envoyé spécial des États-Unis dans la région des Grands Lacs. Une décision qui a sans doute fait plaisir à plusieurs chefs d’État de la région, dont celui de la RDC, Joseph Kabila.

Russ Feingold (à g.) et le président Joseph Kabila. © Montage / J.A.

Russ Feingold (à g.) et le président Joseph Kabila. © Montage / J.A.

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 23 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Russ Feingold est connu sur la scène politique américaine pour avoir notamment été l’un des seuls sénateurs à avoir refusé de voter le Patriot Act, une loi anti-terroriste votée au lendemain du 11 septembre 2001. Nommé par Barack Obama en juin 2013, l’ancien sénateur démocrate du Wisconsin a imposé sa marque, dénonçant par exemple les volontés de maintien au pouvoir de plusieurs chefs d’États de la région des Grands Lacs.

Depuis son entrée en fonction en juin 2013, Russ Feingold n’a jamais manqué de mettre en garde les autorités de Kinshasa contre des modifications de la loi fondamentale pour permettre à Joseph Kabila de se représenter en 2016. Avec le président de la RDC, les tensions se sont articulées non seulement autour de l’éventuelle modification de la Constitution qui permettrait à celui-ci de briguer un troisième mandat en 2016, mais aussi de la gestion par l’Américain de la question des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

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Contre-attaque de Kinshasa

Début février, alors que les rues de la RDC portaient encore les séquelles des manifestations contre la réforme de la loi électorale, l’émissaire américain de passage à Kinshasa met en garde en de termes très clairs Joseph Kabila. "Les États-Unis sont opposés à ce que l’on modifie les Constitutions pour favoriser le maintien au pouvoir des dirigeants, et cette approche vaut pour tous les pays de la région" avait-il alors déclaré, en insistant sur la nécessité d’organiser les élections dans le respect des délais imposés par la loi.

Les nombreuses déclarations du diplomate agacent au sommet de l’État congolais qui ne manque pas de répliquer. La contre-attaque est menée par l’emblématique ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Pour ce dernier, "M. Feingold n’est ni gouverneur général ni proconsul" et il n’a pas "à se prononcer sur les affaires intérieures" de la RDC. Tout est dit !

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Il peut y avoir "collaborations entre certains membres des FARDC et certains membres des FDLR"

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La situation à l’est de la RDC a été au cœur des préoccupations de Russ Feingold pendant sa mission de représentant des États-Unis dans la région des Grands Lacs. Récemment il appelait le gouvernement congolais à effectuer des opérations militaires "propres", dans le respect des règlements internationaux en matière de conflits armés pour enrayer le problème des FDLR.

Russ Feingold a, dans certaines de ses déclarations, pointé du doigt des connivences entres responsables de l’armée congolaise et les rebelles des FDLR. En décembre 2013, il s’était montré prudent en indiquant qu’il pouvait  y avoir "au niveau individuel des collaborations entre certains membres des FARDC et certains membres des FDLR" mais qu’il était "peu probable que cela intervienne au plus haut niveau".

Kinshasa ne cache pas son soulagement de voir partir un émissaire encombrant. "Il n’est plus envoyé spécial donc cela ne nous pose plus de problème. Nous regardons de l’avant" a estimé Lambert Mende juste après l’annonce de la démission de Russ Feingold.

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(Avec AFP)

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