Algérie – Sonatrach : Chakib Khelil à découvert
Soupçonné de corruption dans l’affaire Sonatrach, l’ancien ministre de l’Énergie a tenté en vain d’empêcher la justice suisse de transmettre à Alger des informations sur ses comptes bancaires.
Les ennuis judiciaires s’aggravent pour Chakib Khelil, l’ancien ministre algérien de l’Énergie. Le 14 janvier, le Tribunal pénal fédéral suisse a rejeté sa demande visant à empêcher la transmission à l’Algérie de documents relatifs à ses comptes dans la Confédération helvétique. Dans le cadre de l’enquête pour corruption présumée dite Sonatrach 2, la justice de son pays cherche à connaître les bénéficiaires de près de 205 millions d’euros de commissions que la firme pétrolière italienne Saipem a versées à Pearl Partners LTD, une société-écran basée à Hong Kong et appartenant à l’homme d’affaires Farid Bedjaoui.
Présenté comme un ami de Chakib Khelil, celui-ci a servi de facilitateur dans la conclusion de sept contrats entre Saipem et Sonatrach, pour un montant de 8 milliards d’euros. Transférées dans diverses banques helvétiques entre juin 2007 et février 2011, les commissions auraient servi à corrompre des responsables algériens, dont Khelil. En août 2013, le parquet d’Alger a lancé des mandats d’arrêt internationaux contre l’ex-ministre et trois membres de sa famille.
Saisie des données relatives aux comptes de Khelil
Ayant identifié des virements au profit de Najat Arafat Khelil, son épouse, les Algériens réclament aux Suisses de leur fournir les documents bancaires de cette dernière et de leurs deux fils. Une démarche d’autant plus pertinente que les autorités helvétiques, faisant suite à une demande d’entraide du parquet de Milan qui enquête sur la même affaire, ont déjà saisi des données relatives à cinq comptes de Chakib Khelil, dont l’un détenu conjointement avec sa femme.
Pour Khelil, les poursuites contre lui ont été engagées contre lui "en raison de ses opinions et appartenances politiques"…
Réfugié aux États-Unis, l’ancien ministre conteste la procédure. Il est représenté par un cabinet d’avocats genevois ayant défendu par le passé Abba Abacha, le fils de l’ancien dictateur nigérian, qui s’était vu confisquer par la justice suisse 350 millions de dollars de valeurs patrimoniales. Les griefs de Khelil ? Ces poursuites ont été engagées contre lui "en raison de ses opinions et appartenances politiques", et la commission rogatoire algérienne "ne vise ni sa personne ni ses comptes bancaires".
Le tribunal pénal estime au contraire que le nom de l’ex-ministre "figure expressément dans l’exposé des faits des requêtes algériennes" et que "son rôle dans les montages corruptifs [sic] semble avoir été prépondérant". Tout comme il balaie l’argument d’une cabale : "Les pots-de-vin qu’il aurait reçus dans le cadre de l’attribution de marchés publics à diverses sociétés étrangères n’est pas plus politique en Algérie qu’il ne l’est en Suisse [sic]." Enfin, le tribunal considère qu’en l’absence d’un traité entre Washington et Alger, il est "fort peu probable" que Khelil soit extradé dans son pays d’origine.
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