Procès des pro-Gbagbo : et si Ouattara accordait l’amnistie ?
Le procès de Simone Gbagbo et de ses co-accusés pour atteinte à la sûreté de l’État touche à sa fin. Et si, une fois le verdict prononcé, Alassane Ouattara graciait certains prévenus ? Un geste qui pourrait être porté à son crédit, à huit mois de la présidentielle ivoirienne. Mais pas question d’absoudre les crimes de sang.
![Simone Gbagbo à son arrivée au palais de justice d’Abidjan-Plateau, le 27 février. © Issouf Sanogo / AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/03/06/003032015124551000000JA2825p010.jpg)
Simone Gbagbo à son arrivée au palais de justice d’Abidjan-Plateau, le 27 février. © Issouf Sanogo / AFP
Juger rapidement pour mieux amnistier ensuite ? Au vu de la tournure qu’a pris ce procès-fleuve et du manque de preuves sérieuses présentées par les avocats de l’État ivoirien pour corroborer l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État, de nombreux observateurs parient désormais sur une amnistie des prévenus, qui serait accordée après le verdict par le président Alassane Ouattara.
Scénario probable mais néanmoins cauchemardesque pour nombre d’acteurs de la société civile, qui y voient une prime à l’impunité et rappellent que le recours à l’amnistie n’est pas une nouveauté en Côte d’Ivoire – sous Laurent Gbagbo, après la signature des accords de Marcoussis en 2003 et de Ouagadougou en 2007 – et qu’il n’a nullement empêché le pays de tomber dans la crise postélectorale de 2010-2011.
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Pour d’autres en revanche, un tel geste permettrait de relancer un processus de réconciliation bloqué depuis près de quatre ans – malgré la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation – et de marquer les esprits à près de huit mois de la présidentielle. "S’il y a amnistie, celle-ci ne devrait porter que sur le crime d’atteinte à la sûreté de l’État et non sur les crimes de sang et les crimes économiques, les plus graves, pour lesquels une instruction est toujours en cours", soutient l’avocat ivoirien Drissa Traoré, vice-président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Crimes pour lesquels une partie des accusés (au premier rang desquels Simone Gbagbo) est aussi inculpée – et qui pourraient donc donner lieu à un second procès. Il serait en effet fâcheux, pour que la Côte d’Ivoire puisse enfin exorciser ses démons, qu’amnistie rime avec amnésie.
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