Prix Mo-Ibrahim : Hifikepunye Pohamba, l’oiseau rare venu de Namibie
Voilà quatre ans que le prix Mo-Ibrahim n’avait pas été remis. L’heureux élu ? Le chef de l’État namibien, qui s’apprête à passer la main.
Enfin ! Pour la première fois depuis 2011, la Fondation Mo Ibrahim a trouvé un chef d’État digne de recevoir son prix du "leadership d’excellence en Afrique", le plus richement doté du monde. L’heureux gagnant, Hifikepunye Pohamba, va recevoir 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros) sur dix ans, puis 200 000 dollars par an à vie.
Contrairement aux trois lauréats désignés depuis la création de cette récompense en 2007, Pohamba est encore au pouvoir. Mais le président namibien n’en a plus que pour quelques semaines : son successeur, le Premier ministre Hage Geingob, a déjà été élu en novembre 2014.
Modeste, calme et réfléchi, Pohamba aura gouverné son pays pendant dix ans sans crise politique majeure et, surtout, sans tenter de se maintenir au pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle – l’un des critères clés pour l’attribution du prix.
Problème crucial de la répartition des terres
En 1960, il a participé à la fondation de l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo), qui combat la tutelle coloniale de l’Afrique du Sud – il effectuera toute sa carrière au sein de ce mouvement. Après l’indépendance, en 1990, il a servi à de multiples reprises dans le gouvernement de Sam Nujoma, le premier président de la Namibie indépendante, en attendant patiemment son tour. Avec le soutien de son mentor, il obtient l’investiture de la Swapo en 2004 et accède à la magistrature suprême. Ses deux mandats sont couronnés de succès certains, notamment en matière de croissance économique et de lutte contre la corruption.
Le chef d’État n’est en revanche pas parvenu à régler le problème crucial de la répartition des terres des grandes propriétés blanches, qui se pose en Namibie comme dans toute l’Afrique australe. De son propre aveu, la politique "d’acheteurs et vendeurs consentants" qu’il a menée ne fonctionne pas. Et si rien n’est fait, cet échec pourrait entraîner une "révolution", prévient-il.
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