Algérie – Abdelaziz Bouteflika : « Il faut sortir la femme algérienne de son statut de mineur »

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, dimanche 8 mars, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé dans une lettre lue par Mounia Meslem, ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, vouloir « sortir la femme algérienne de son statut de mineur » en réformant la code de la famille.

Des femmes à Alger en mai 2014 © Farouk Batiche AFP

Des femmes à Alger en mai 2014 © Farouk Batiche AFP

Publié le 9 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Les dates symboliques se conjuguent aux promesses politiques en Algérie. À l’occasion d’une cérémonie organisée en l’honneur de la Journée internationale des droits des femmes, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a promis, dans une lettre, une nouvelle réforme du code de la famille "pas exempt de lacunes" selon lui.

De nouvelles mesures législatives et incitatives seront introduites afin "de renforcer et préserver les droits de la femme algérienne et sa place au sein de la société", indique le président algérien.

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Une annonce qui fait suite à l’amendement, le 5 mars dernier, du code pénal afin de lutter contre les violences faites aux femmes, et dont les débats parlementaires ont laissé libre cours à un sexisme débridé.

La révision des articles régissant le divorce au programme

Par la voix de Mounia Meslem, ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, Abdelaziz Bouteflika a annoncé la création d’une commission censée préparer la révision de certains articles du code de la famille, notamment ceux régissant le divorce et le khol’ (divorce à l’initiative de l’épouse).

Le chef de l’État algérien explique également que cette décision est motivée par le fait que le divorce dans ces deux formes "constitue un phénomène de société en Algérie qui ne cesse de prendre de l’ampleur".

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Combler les lacunes de la réforme de 2005

Des avancées en la matière avaient déjà été enregistrées lors de la révision du code de la famille en 2005. La priorité pour la garde des enfants avait alors été accordée à la mère divorcée tandis qu’elle revenait automatiquement au père auparavant. L’obligation pour le père d’assurer le logement à ses enfants mineurs dont la garde est confiée à la mère avait également été introduite.

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Mais l’article 56, qui déchoit la mère du droit de garde quand elle se remarie, n’avait pas été réformé. Les organisations féministes espèrent que la nouvelle révision prévoira sa suppression.

>>Lire aussiAlgérie : sexisme et misogynie à l’Assemblée contre la réforme du code de la famille

Clivage

La question des droits des femmes divise la classe politique algérienne. Les partis progressistes à l’instar du Front des forces socialistes (FFS) ou du Parti des Travailleurs (PT) exigent l’abolition pure et simple du code de la famille tandis que conservateurs et islamistes veulent le calquer à la virgule près sur le modèle de la charia.

En effet, le code de la famille algérien, voté en 1984 sous l’ère du parti unique, et révisé en 2005 déjà sous Bouteflika, est inspiré de la loi islamique.

Même si il fait constamment référence au Coran dans son discours, le président Bouteflika prend toutefois ses distances avec l’aile conservatrice de sa majorité. En témoigne ce passage en forme d’ode à l’émancipation : "La femme algérienne se défait chaque jour davantage des hérésies qui inhibent sa détermination, des obstacles et des entraves qui encombrent son chemin et des règles de toutes sortes, étrangères à la religion, pour poursuivre sa marche, forte de ses droits consacrés par le Saint Coran et la tradition du Prophète (QSSL)".

Afin de faire évoluer la société et de faire avancer les mentalités, le président Bouteflika demande aux services concernés de lutter contre "la persistance des us et coutumes liés au conservatisme et à l’obscurantisme qui persistent à violer les droits de la femme, troubler leur exercice ou entraver son autonomisation économique et sociale".

Le chef de l’État algérien assure par ailleurs que l’égalité hommes-femmes ne peut se concevoir que dans la protection de la femme par la loi "en matière d’accès à l’emploi et de possession de biens et richesses sous le régime de la séparation, en étant libre d’en disposer elle-même et à sa convenance ".

Outre le divorce, la réforme de la polygamie, qui avait été maintenue en 2005, est également très attendue.

Mais malgré des avancées notables, les militantes féministes telle que Soumia Salhi, continuent d’exiger l’abrogation du code de la famille, estimant "qu’en dépit des amendements de 2005, il garde son architecture inégalitaire et la permanence de l’oppression des femmes".
 

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