Turkish Airlines fond sur l’Afrique
Dopée par d’excellents résultats en 2012, la compagnie turque mène un plan d’expansion sans précédent sur le continent. Elle relie déjà 33 destinations africaines à partir d’Istanbul.
Après la visite du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan au Gabon, au Niger et au Sénégal, du 7 au 10 janvier, la Turquie poursuit son offensive économique en Afrique. Pour capter les marchés du continent, Ankara peut s’appuyer sur l’extension impressionnante du réseau de Turkish Airlines. En une année, la compagnie aérienne, dont l’État détient 49 % du capital, a ouvert neuf lignes en Afrique. Désormais, Turkish Airlines relie son hub d’Istanbul à 33 villes africaines et affiche son intention d’atteindre « rapidement » le chiffre de 40. « C’est du jamais vu, je ne connais aucune grande compagnie européenne ou moyen-orientale aussi rapide dans son expansion », affirme, admiratif, Cheikh Tidiane Camara, associé du cabinet de conseil aérien Ectar.
Carrefour
« Comme les autres grandes compagnies, Turkish Airlines veut se positionner sur les marchés continentaux qui bénéficient des meilleures croissances, c’est-à-dire l’Afrique et l’Asie », poursuit-il. En 2011, ces deux zones (hors Moyen-Orient) n’ont représenté que 19,1 % du trafic passagers international de la compagnie, nettement dominé par l’Europe. Mais le transporteur estime que son hub d’Istanbul est idéalement situé, au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, pour prendre une solide position. En Afrique, il a déjà installé 30 directions nationales et y compte plus de 300 salariés.
Ses revenus sur le continent, qui ont représenté 7,4 % du chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 2012, ont bondi, par rapport à l’année précédente, de 59,7 %. Ses principaux rivaux en Afrique, Air France-KLM, Royal Air Maroc et même Ethiopian Airlines, qui affichent pourtant de belles ambitions, sont plus fragiles économiquement. « À la différence de ses concurrents, Turkish Airlines a les moyens de financer ses ambitions et d’aller vite », affirme Cheikh Tidiane Camara.
En effet, alors que les temps sont difficiles pour la plupart des compagnies, les résultats du groupe turc laissent rêveur. Sous la houlette de Temel Kotil, un ingénieur de 53 ans aux commandes depuis 2005, Turkish Airlines a augmenté de 30 % son chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 2012. Il a transporté 21,9 millions de passagers, soit 20 % de plus que sur la même période en 2011. Mieux, son bénéfice net a atteint 868 millions de livres turques (375 millions d’euros), soit 8,6 fois plus que l’année précédente.
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Sa trésorerie substantielle, le transporteur la doit à la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, dans sa région, il est sans rival majeur. Avec ses 73,6 millions d’habitants, ses liens économiques avec l’Asie centrale turcophone et le pourtour méditerranéen et un tourisme florissant, la Turquie offre à la compagnie un terreau idéal. Et même si la forte croissance du pays de ces dernières années (9,2 % en 2010, 8,5 % en 2011) s’est un peu tassée en 2012 (elle est estimée à 3 %), l’avenir s’annonce radieux pour Turkish Airlines.
Rumeurs
Depuis la fin de 2012, la presse spécialisée se fait même l’écho de rumeurs de fusion avec l’allemand Lufthansa, qui opère avec le groupe turc, depuis 1989, la compagnie low cost SunExpress, basée à Antalya, dans le sud de la Turquie. En novembre, une prise de participation croisée paraissait envisageable aux spécialistes, à l’occasion de la diminution de la part de l’État dans Turkish Airlines. En attendant cette éventuelle opération, le groupe turc, qui ambitionne de devenir la troisième compagnie européenne (il est septième actuellement), poursuit son plan d’expansion africaine. Dans les prochains mois, il a d’ores et déjà annoncé que ses appareils se poseraient à Libreville, Luanda, N’Djamena, Juba et Asmara.
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