Terrorisme : week-end sanglant au Mali, au Nigeria et en Égypte

Les deux derniers jours ont été particulièrement meurtriers en Afrique de l’Ouest mais également en Égypte. Alors que l’offensive contre Boko Haram se poursuit au Nigeria, Bamako se réveille dans la peur et le nord de l’Égypte continue de vivre au rythme des explosions.

La sécurité a été renforcée à Bamako, après l’attentat du 7 mars. © Harouna Traore/AP

La sécurité a été renforcée à Bamako, après l’attentat du 7 mars. © Harouna Traore/AP

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Publié le 9 mars 2015 Lecture : 4 minutes.

Attentats au Mali, à Bamako et Kidal

Deux enfants et un Casque bleu tchadien ont été tués dimanche par des tirs de roquettes à Kidal, dans le nord-est du Mali. Les auteurs ne se sont pas fait connaître dans l’immédiat. Une source au sein de la Minusma a indiqué que le soldat tué était un Tchadien. Selon une autre source à la Minusma, les civils touchés, appartenant à la tribu arabe des Kountas, se trouvaient dans un campement situé à environ trois kilomètres de la base de l’ONU.

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"Vers 05H40 (locale et GMT) le camp de la Minusma à Kidal a essuyé plus d’une trentaine de tirs de roquettes et d’obus", et les Casques bleus ont répliqué peu après à deux kilomètres du camp, "une fois la provenance des tirs établie", selon un communiqué. "Cette attaque intervient alors que des progrès ont été enregistrés à Alger lors des pourparlers de paix", ajoute la force de l’ONU. Le Conseil de sécurité  a quant à lui condamné une attaque "haineuse", assurant que leurs auteurs devraient "rendre des comptes".

>> Lire aussi : "Mali : deux enfants et un Casque bleu tchadien tués à Kidal" et "Mali : pour la première fois, des Occidentaux tués dans un attentat à Bamako"

Cette attaque est intervenue au lendemain d’un attentat islamiste meurtrier à Bamako, le premier dans la capitale, revendiqué le groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, en représailles à l’élimination d’un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l’armée française en décembre, et aux caricatures du prophète Mahomet. Aux côtés des trois victimes maliennes figurent un Français de 30 ans, Fabien Guyomard, dont le corps devait être rapatrié lundi soir, et un Belge, le lieutenant-colonel Ronny Piens, 44 ans, responsable de la sécurité pour la délégation de l’Union européenne (UE). L’attentat a également fait huit blessés, dont deux militaires suisses, qui ont été rapatriés dimanche après avoir été évacués au Sénégal et se trouvaient hors de danger, selon l’armée suisse. 

La sécurité a été renforcée à Bamako, notamment sur les trois ponts enjambant le fleuve Niger, et la police anticriminelle est déployée en force, équipée de gilets pare-balles. Le lycée français de Bamako a annoncé que la rentrée scolaire d’après les vacances, prévue lundi, était reportée de deux jours le temps de renforcer les mesures de protection des élèves et du personnel.

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Au Nigeria, l’offensive prend de l’ampleur contre Boko Haram, mais les attentats continuent.

Les armées tchadienne et nigérienne ont lancé dimanche depuis le Niger une offensive aérienne et terrestre dans le nord-est du Nigeria contre Boko Haram, au lendemain de l’"allégeance" prêtée par le groupe islamiste au mouvement terroriste État islamique (EI). Plusieurs milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient positionnés depuis plus d’un mois dans cette région du sud-est du Niger proche du lac Tchad, où Boko Haram a mené plusieurs attaques ces dernières semaines.

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Cette offensive marque l’ouverture d’un nouveau front contre Boko Haram au Nigeria, le troisième, tandis que le Tchad mène depuis fin janvier une autre offensive en territoire nigérian depuis le Cameroun, de l’autre côté du lac Tchad. C’est la première fois que les troupes nigériennes s’engagent au Nigeria depuis que le Parlement de Niamey a donné son autorisation à un tel déploiement début février.

>> Lire aussi : "Nigeria : offensive militaire "terrestre et aérienne" du Niger et du Tchad"

Selon la radio privée Anfani, basée à Diffa, des avions ont pilonné samedi et dimanche matin à l’aube des positions islamistes proches de la rivière Komadougou Yobé. Plus près de Diffa, "l’objectif de l’offensive" est "certainement de reprendre la ville de Damasak", conquise en octobre 2014 par Boko Haram.

Cette offensive intervient alors que Boko Haram rassemblait cette semaine des troupes dans son fief de Gwoza, dans le nord-est du pays, et qu’attentats et massacres de civils se poursuivaient. Samedi, au moins 58 personnes sont mortes et 139 autres ont été blessées dans trois explosions – dont un attentat suicide – attribuées aux islamistes à Maiduguri.

Le même jour, Abubakar Shekau a annoncé son allégeance à l’État islamique (EI) sur Twitter, diffusant un enregistrement audio de huit minutes où il promet de "faire enrager les ennemis d’Allah". Boko Haram et l’EI "ont essuyé de nombreux échecs ces dernières semaines et ces derniers mois", et le serment d’allégeance "pourrait être une façon de lancer un message à leurs troupes, pour leur regonfler le moral et attirer de nouvelles recrues, surtout dans le cas de Boko Haram", explique Yan St-Pierre, expert en lutte contre le terrorisme pour l’entreprise berlinoise Modern Security Consulting.

Nouveaux attentats en Égypte

Un passager d’un minibus a été tué dimanche dans l’explosion d’une bombe près d’un hypermarché sous franchise Carrefour et trois personnes ont été légèrement blessées dans deux autres attentats, visant deux commissariats, à Alexandrie. Ces attaques ont été perpétrées à l’aide d’engins explosifs rudimentaires et de faible puissance.

Les experts expliquent ce type d’attentats, ne faisant le plus souvent ni dégâts ni blessés, par la volonté de leurs auteurs de créer un sentiment d’insécurité dans l’esprit des investisseurs étrangers, à quelques jours d’une conférence économique internationale, vendredi à Charm el-Cheikh.

(Avec AFP)

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