Côte d’Ivoire – Pascal Affi N’Guessan : « Je suis toujours le président du FPI »
Un communiqué du FPI a annoncé jeudi la destitution de son président, Pascal Affi N’Guessan. Ce dernier, joint au téléphone par « Jeune Afrique », dément ce qu’il qualifie de « propagande ». Interview.
La fracture au sein du Front populaire ivoirien (FPI) semble avoir atteint le point de non-retour. Jeudi 5 mars, une réunion extraordinaire du comité central du parti de Laurent Gbagbo convoquée par les deux tiers de ses membres a décidé de suspendre les activités de Pascal Affi N’Guessan, son actuel président. Aboudrahamane Sangaré, fidèle de Laurent Gbagbo, est nommé pour assurer l’intérim. Un congrès extraordinaire doit se tenir dans les trois mois. Les partisans d’Affi estiment que cette réunion, à laquelle ils n’ont pas pris part, est illégale.
>> Lire aussi : Pascal Affi N’Guessan, celui qui voulait être calife
L’intéressé, pour qui le parquet ivoirien a requis lundi deux ans de prison, juge cette décision nulle et non avenu. Joint au téléphone par "Jeune Afrique", il s’explique.
Jeune Afrique : à la suite d’une réunion extraordinaire du comité central du Front populaire ivoirien (FPI), dont vous êtes le Président, vous avez été destitué et remplacé, pour assurer l’interim, par Abou Drahamane Sangare, qui est le 1er vice-président chargé de la stratégie et de la politique générale du Parti. Vous confirmez ?
Pascal Affi N’Guessan : je vous rassure, qu’il n’y a pas eu de réunion de comité central hier à Abidjan. Dans les textes du parti, seul le Président a le pouvoir de convoquer une réunion du comité central, ce que je n’ai pas fait hier, encore moins aujourd’hui. La réunion du comité central que j’ai convoquée, est prévue pour le samedi 7 mars. Donc, pour ma part, il n’y a eu aucune réunion du comité central.
>> Lire aussi : Crise au FPI : quand Pascal Affi N’Guessan se lâche contre le camp Gbagbo et Nady Bamba
Quelle est la prochaine étape ?
Au moment où je vous parle, je suis aux assises de la Cour d’appel du tribunal d’Abidjan-Plateau dans le cadre des procès de la crise postélectorale. La prochaine étape, c’est donc la réunion du 7 mars.
Vous êtes donc le président du FPI ?
Oui, je suis toujours le président du FPI, et ceux qui ont annoncé ma destitution ne font de la pure propagande politique, de la désinformation. La vie du parti se poursuit et nous continuons de mener toutes les batailles ensemble, car l’unité demeure essentielle pour que nous puissions jouer notre rôle de parti d’opposition. Aujourd’hui, ma priorité est de me battre avec mes camarades pour la libération du président (Laurent Gbagbo, NDLR), qui est notre bien commun.
_____________
Ci dessous, le communiqué du FPI annonçant la destitution de son actuel président :
"Comité central FPI communique. Comité Central Extraordinaire
01/2015
Communiqué final
1. Conformément à l’article 90.4 des Statuts et sur convocation du doyen d’âge, à la demande des 2/3 des membres du Comité Central du Front Populaire Ivoirien (FPI) signataires de la pétition du 19 janvier 2015, la session extraordinaire élargie au Comité de Contrôle, initialement prévue pour le vendredi 06 mars 2015, face au refus du siège par la Secrétaire Générale du Parti, s’est finalement réunie le jeudi 05 mars 2015, à Abidjan-Cocody les II Plateaux, de 15h à 18h, sous la présidence effective du camarade ORO HUBERT GAUZE, doyen d’âge assisté du camarade KOUA JUSTIN.
2. L’ordre du jour de cette session a porté sur les points suivants :
• L’audition du rapport du Comité de Contrôle,
• L’analyse de la situation,
3. Avant d’aborder les points de l’ordre du jour, le doyen d’âge, le camarade ORO HUBERT GAUZE a tenu à rappeler que notre Parti est dans une profonde léthargie : le siège provisoire est fermé ; depuis plus de trois mois il n’y a plus de réunion, ni du secrétariat exécutif, ni du secrétariat général, encore moins de l’organe de décision qu’est le Comité Central. Il a par ailleurs invoqué les termes de l’avis N° 001/2015/FPI/CC/HO/JNG du Comite de Contrôle, portant sur la convocation du Comité Central en session extraordinaire à la demande des deux tiers (2/3) de ses membres ; ceci, face au refus manifeste du camarade Pascal Affi NGuessan de convoquer cette instance, au mépris des obligations que lui imposent les textes en ces circonstances.
4. Le Comité Central, prenant acte de la violation des textes fondamentaux par le président dans la conduite des affaires du Parti, notamment, de sa constante contravention des décisions arrêtées par ses instances, tient à constater préalablement et à juste titre, la défaillance notoire du camarade Pascal Affi NGuessan en matière de tenue de réunion statutaire, au regard des dispositions pertinentes des textes fondamentaux du Parti entrainant la paralysie du Secrétariat Général qui s’analyse comme une démission de son rôle.
5. Abordant cet ordre du jour, le Comité Central a entendu une importante communication du camarade Hubert Oulaye, président du Comité de contrôle, à l’effet de donner un éclairage sur la situation délétère du Parti. Il ressort de cet exposé que cette situation délétère est due entre autres :
– à la décision unilatérale du président du parti de maintenir le représentant du FPI à la CEI, alors que son retrait de cette institution a été obtenu à l’issue d’un vote du Comité Central en sa session du 13 septembre 2014, décision non encore remise en cause à ce jour ;
– au refus du président du parti d’appliquer les résolutions du Comité Central et à son attitude de défiance quasi permanente vis-à-vis de cette instance de décision ;
– à l’assignation en justice des membres du Comité de Contrôle par les soins du président du parti, suite à la décision de cet organe de valider deux (2) candidatures à l’élection à la présidence du Parti ;
– au report de façon unilatérale, par le président, du 4ème Congrès ordinaire prévu pour se tenir les 11, 12, 13 et 14 décembre 2014, sans l’avis des instances compétentes par ordonnance du tribunal de première instance d’Abidjan plateau, la veille de cet important rassemblement ;
– à la fermeture, par le président du parti, sans préavis du Qg de campagne du Président Laurent Gbagbo, tenant lieu de siège provisoire du FPI,
– à l’intrusion inacceptable de la justice ivoirienne dans les affaires internes du Parti ; immixtion rendue possible à la demande expresse du président du parti, provoquant pour la première fois, une escalade judiciaire au centre de laquelle se trouvent les organes du Parti, nonobstant les mécanismes internes du Parti à même de régler les divergences d’interprétation des textes et des points de vue,
– à la non-convocation délibérée des réunions des instances du Parti en vue de juguler la crise actuelle, alors que par une correspondance adressée au président au Comité de Contrôle, le président du Parti précisait la date du 7 mars 2015 pour la tenue d’une session extraordinaire du Comité Central,
6. Le Comité Central, après avoir entendu la communication du Comité de Contrôle, relève l’attitude de défiance du président Pascal Affi NGuessan entrainant avec lui une frange du Secrétariat Général, organe d’exécution du Parti, dans la contravention des dispositions des textes régissant le Parti. Ces faits sont constitutifs de défaillances caractérisées qui s’analysent comme une démission du président en sa qualité de président du secrétariat général.
7. Le Comité Central, prenant la pleine mesure de la gravité de cette situation qui porte indubitablement atteinte à l’unité du Parti et à la cohésion en son sein, endosse les conclusions de cette communication.
8. Le Comité Central après en avoir délibéré,
– Déclare nulle et non avenue, la Décision N°001-2015/PP/FPI du 27 février 2015, portant réaménagement technique du Secrétariat Général en ce qu’elle viole cumulativement les dispositions statutaires et réglementaires du Parti et contrevient aux décisions expresses du Comite Central du 14 août 2014 ;
– Décide de suspendre de toutes les activités du FPI sur toute l’étendue du territoire national et à l’international jusqu’au prochain Congrès du Parti, à compter de ce jour, le camarade PASCAL AFFI NGUESSAN, président du FPI,
– Désigne le camarade ABOU DRAHAMANE SANGARE, 1er vice-président chargé de la stratégie et de la politique générale du Parti, pour assurer l’intérim du président du Front Populaire Ivoirien à compter de ce jour ;
– Informe toutes les structures du Parti en Côte d’ivoire et à l’étranger, ainsi que la communauté nationale et internationale, qu’en tant que président par intérim du FPI, le camarade ABOU DRAHAMANE SANGARE est dorénavant seul habilité à représenter et agir au nom du FPI, partout où besoin sera, jusqu’au prochain Congrès.
10- Le Comité Central entérine en outre, la proposition de réaménagement du Secrétariat Général faite par le président par intérim du Parti. Ainsi, sont désignés membres du Secrétariat Général au terme de la décision N°001-2015/PPI/FPI du 05 mars 2015, les camarades dont les noms sont mentionnés sur la liste en annexe du présent communiqué et qui en fait partie intégrante.
11- Instruit le Secrétariat Général ainsi réaménagé de proposer diligemment la date d’un Congrès devant se tenir dans 90 jours au plus tard.
12- Le Comité Central enfin, demande à chaque militante et à chaque militant en Côte d’ivoire et à l’étranger, de cultiver dans les organes dirigeants, les structures de base, les représentations à l’extérieur, les structures spécialisées et d’activités, la persévérance, la perspicacité et à se tenir prêts, toujours mobilisés, à l’écoute des mots d’ordre imminents, pour gagner la bataille de la dignité pour la libération du Président Laurent Gbagbo, de la souvaineté et de la reconquête du pouvoir d’Etat.
Fait à Abidjan, le 05 mars 2015
Le Comité Central"
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...