L’attaque d’In Amenas risque d’affecter durablement l’économie algérienne

Alors que l’assaut des forces spéciales algériennes contre les terroristes à In Amenas semble toucher à sa fin, Jeune Afrique s’interroge sur les conséquences économiques de cette crise majeure. Sur le prix des hydrocarbures bien sûr, mais aussi sur les perspectives à plus long terme pour l’Algérie et les sociétés pétrolières étrangères.

Les volumes de gaz à l’arrivée en Italie auraient déjà baissé de 10 millions de mètres cubes par jour. © Statoil

Les volumes de gaz à l’arrivée en Italie auraient déjà baissé de 10 millions de mètres cubes par jour. © Statoil

Publié le 18 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Signe de la nervosité ambiante, les prix du gaz sur le marché de Londres ont augmenté de 4,4% dans les heures qui ont suivi la première attaque sur le complexe d’In Amenas. L’approvisionnement de l’Europe en gaz algérien a été immédiatement affecté. Selon le Financial Times, qui cite l’opérateur gazier italien Snam Rete, les volumes de gaz à l’arrivée en Italie auraient déjà baissé de 10 millions de mètres cubes par jour pour atteindre entre 60 et 65 mmc/j. Alors que, d’après Abderramane Mebtoul, un universitaire algérien, la part de marché du gaz algérien en Europe varie entre 13 et 15%, la situation ne peut manquer d’inquiéter le vieux continent.

À court terme, la crise est gérable d’un point de vue européen.

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Cependant, selon un analyste de la Société générale, cité par le Financial Times, la Russie, qui fournit 24% de la consommation européenne, pourrait aisément compenser la baisse de l’approvisionnement algérien. Sans compter que la Norvège (19%), la Libye et le Qatar représentent autant de fournisseurs alternatifs. À court terme, la crise est donc gérable d’un point de vue européen. Reste à savoir si, à long terme, ce genre d’attaque restera un fait isolé ou bien si les militants islamistes ont la capacité de récidiver ailleurs dans la région.

Zone stratégique

L’Algérie reste donc la plus affectée par la situation. En effet, difficile de sous-estimer l’importance des hydrocarbures, qui représentent 98% des recettes en devises du pays. Rappelons que, avec une production de 78 milliards de mètres cubes en 2011, l’Algérie se place au neuvième rang mondial des pays producteurs de gaz naturel. D’après Abderramane Mebtoul, Sonatrach, le pétrolier national, génère selon les années entre 30 et 40% du produit intérieur brut algérien.

Autant de faits qui expliquent, au-delà des arguments politiques, l’intransigeance des autorités algériennes dans leur gestion de la crise. Rien que pour In Amenas, le manque à gagner pour le pays est évalué par un analyste à 3,9 milliards de dollars alors que le site représente entre 15 et 17% des exportations de gaz du pays. Avec les nouveaux champs limitrophes, ce taux pourrait atteindre entre 25 et 30 %, ce qui rendrait la zone d’autant plus stratégique pour l’Algérie.

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Les inquiétudes sécuritaires viennent ainsi s’ajouter aux tracas habituels liés à toute activité économique en Algérie

Pirates du désert

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Quelle que soit l’issue de l’opération militaire en cours, la bonne réputation de l’Algérie en matière de sécurité a été durement mise à mal. Un professionnel du secteur joint au téléphone, qui parle sous couvert de l’anonymat, juge ainsi qu’il est « inévitable » que les coûts liés à la sécurité dans le pays, notamment d’assurance, augmentent.

Pour les opérateurs étrangers, indispensables à la bonne marche du secteur des hydrocarbures dans le pays, les inquiétudes sécuritaires viennent ainsi s’ajouter aux tracas habituels liés à toute activité économique en Algérie (bureaucratie omniprésente, fiscalité écrasante…). En un mot, l’action de ces pirates du désert pourrait avoir un effet désastreux à long terme sur l’activité économique en Algérie.

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